Cinéma / Vidéo
Walerian Borowczyk
24 févr. - 19 mars 2017
L'événement est terminé
Peintre, sculpteur et cinéaste, Walerian Borowczyk a passé un demi-siècle à faire rejoindre les arts plastiques et le cinéma. Caméraman, décorateur de plateau, accessoiriste, créateur de costumes, affichiste, il se définissait avec humour comme « artisan alchimiste ». Né en Pologne en 1923, il pratique la peinture avant de devenir affichiste, puis allie fantaisie et expérimentation dans une première série de films animés (Dom, Il était une fois, Le Sentiment récompensé...) Dans les années 1950, Borowczyk et le réalisateur polonais Jan Lenica, tous deux admirateurs de Méliès ou de Fernand Léger, invitent à voir le cinéma d’une nouvelle façon, rappelant que l’animation n’est pas réservée aux enfants.
Borowczyk s’installe à Paris en 1958 et après une brève collaboration avec Chris Marker (Les Astronautes), il rejoint l'équipe des Cinéastes Associés (le plus grand studio d'animation français), où il réalise des films publicitaires et courts métrages d’animation, inventifs et poétiques. Il y signe notamment Renaissance (1963) et Les Jeux des Anges (1964) qui jouent sur la dimension cinématographique du collage et de la peinture. Souvent dépeint en cinéaste d’animation devenu cinéaste de prise de vues réelles, Borowczyk ne fait pas la distinction entre ces deux genres : « Un film, c’est une succession de 24 images par seconde, c’est de l’animation, si vous voulez ». Il ne cesse d’expérimenter la jonction entre les deux pratiques, comme dans Rosalie (1966), sa troublante adaptation de la nouvelle de Maupassant. Son premier long métrage d’animation achevé, Théâtre de Monsieur et Madame Kabal (1967), un tour de force, Borowczyk réalise son premier long tourné de manière conventionnelle, le remarquable Goto, l’île d’amour (1968).
Borowczyk cadre l’action d’une façon très singulière, donnant autant d’importance aux objets qu’aux êtres et aux personnages. Cette caractéristique s’est accentuée dans les années 1970 lorsqu’il bénéficie de l’assouplissement de la censure pour explorer la sexualité. Inspirés en partie par l’auteur surréaliste André Pieyre de Mandiargues, des films comme les Contes Immoraux (1974) et La Marge (1976) s’intéressent aux rituels entourant les actes sexuels et la façon dont ils transgressent les normes sociales et culturelles, laissant toujours la part belle à l’expression des sentiments féminins, si réprimés soient-ils. Farce surréaliste, La Bête (1975) met en avant l’aspect comique et décalé du cinéma de Borowczyk. Des gags visuels du Dictionnaire de Joachim (1965) à l’humour paillard d’Intérieur d’un couvent (1977), on oublie souvent que le cinéaste est plein de drôlerie. Si à la fin de sa carrière, il réalise des films « de genre », il en détourne les conventions pour arriver à ses fins, notamment dans l’outrageant Cas étrange du Dr Jekyll et Miss Osbourne (1981).
La restauration récente de la plupart de ses films permet enfin la (re)découverte de son œuvre cinématographique, ces visions uniques, surréalistes, du monde à travers les objets et les corps.
Daniel Bird
Auteur de Walerian Borowczyk (2016, coédité par Friends of Walerian Borowczyk / Le Chineur Éditions / Carlotta Films/ les Éditions du Centre Pompidou)
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