Photographies
Créée en 1981, dès les débuts du Centre Pompidou, la collection de photographies du Musée national d’art moderne est devenue en près de 40 ans l’une des plus importantes du monde. Aujourd’hui, avec plus de 45 000 épreuves et 60 000 négatifs, elle couvre l’histoire de la photographie du 20e siècle, avec comme point fort, depuis son origine, les avant-gardes européennes (surréalisme, Nouvelle vision, constructivisme), tout en restant attentive à la création contemporaine qui compose largement ses acquisitions ses dernières années. À travers cette collection et les différentes actions de valorisation (expositions, éditions, etc.), le Musée national d’art moderne œuvre à la (re)connaissance de la photographie comme pratique artistique, à part entière.
La politique d’acquisition de la collection a évolué pendant ces décennies selon des axes de recherches stratégiques définis. Selon les périodes, il s’agissait ainsi de mieux représenter certaines scènes locales (Afrique du Sud, Moyen-Orient, Europe de l’est), mais aussi de combler le retard sur certains champs artistiques historiques (création par des artistes et photographes femmes), et enfin, de suivre les évolutions des pratiques de la photographie (photographie vernaculaire, installation, post-photographie). Enfin l’acquisition de chefs-d’œuvre, et d’ensembles exceptionnels demeure un axe majeur de l’enrichissement de la collection (fonds Paul Virilio).
Divers leviers d’acquisition comme les achats (les photogrammes de László Moholy-Nagy, atelier Dora Maar), les dons (fonds Brassaï et Eli Lotar), les legs (atelier Brancusi), les dations (fonds Man Ray) ont permis de faire entrer des ensembles uniques pour la période moderne, plaçant le Musée national d'art moderne parmi les collections de référence sur cette période. Cette singularité est renforcée en 2011 avec l’acquisition exceptionnelle de la collection de Christian Bouqueret (achat grâce au mécénat Yves Rocher) composée de près de 7 000 épreuves représentatives de la photographie française et européenne de l’entre-deux-guerres. Au gré des opportunités, le département poursuit des acquisitions pour la période historique (Gaston Paris) et renforce son intérêt pour la création photographique de l’immédiat après-guerre autour de la photographie humaniste (Louis Stettner, Sabine Weiss)
La période contemporaine concentre les récents efforts d’acquisition afin de consolider des corpus représentatifs de la photographie conceptuelle des années 1970 et 1980 (Ugo Mulas, Fred Lonidier, Natalia LL), et de poursuivre un travail de fond en faveur d’une meilleure représentation des photographes femmes (Lynne Cohen, Susan Meiselas, Jo Spence).
L’acquisition d’œuvres très récentes témoigne de l’attachement du Musée à rester en phase avec l’évolution des pratiques photographiques les plus emblématiques de notre époque par leur dimension politique et leurs nouvelles formes de circulation : Mohamed Bourouissa, Agnès Geoffray, Sara Cwynar, Adam Broomberg et Oliver Chanarin ou Clare Strand.
Les œuvres du cabinet photographies sont régulièrement montrées lors des accrochages du Musée participant au dialogue interdisciplinaire cher à l’institution. Depuis 2014, un espace uniquement dédié au médium, la galerie de photographies accueille des expositions thématiques valorisant les acquisitions récentes (« Varda/Cuba », pour Agnès Varda, « La Fabrique d’Exils » pour Josef Koudelka, « Calais – comment témoigner de la « jungle », pour Bruno Serralongue). Hormis les expositions temporaires mettant à l’honneur la photographie (« Henri Cartier-Bresson », « La Subversion des images », « Dora Maar ») la collection est largement diffusée en France et à l’étranger grâce à sa politique de prêt généreuse.