Cinéma / Vidéo
Jonas Mekas / José Luis Guerin
Cinéastes en correspondance
30 nov. 2012 - 7 janv. 2013
L'événement est terminé
Jonas Mekas est né au cinéma en même temps qu'à l'exil. Arrivé aux États-Unis avec son frère Adolfas en 1949, après avoir fui la Lituanie devant les nazis, après avoir connu les travaux forcés et les camps de déplacés, Jonas Mekas découvre le New York de la Beat Generation. Il achète une Bolex et filme des moments de sa vie et de celle de ses proches, Brakhage, Anger, Warhol, Ginsberg, le Velvet, Lennon et Yoko Ono, Dalí… Son journal retrace les heures de l'avant-garde dont il est le défenseur dans Film Culture et The Village Voice, comme le promoteur et l'archiviste à travers la Film-makers'Coop et l'Anthology Film Archives. Passé à la vidéo à la fin des années 1980 puis aux installations, Mekas n'a cessé de filmer le présent, toujours prêt à capter ces instants de grâce qui tremblent dans ses images.
L'un, Jonas Mekas, est né au cinéma en même temps qu'à l'exil, rescapé d'une Europe où il n'avait plus de place. Arrivé aux États-Unis avec son frère Adolfas en 1949, après avoir fui la Lituanie devant les nazis, après avoir connu les travaux forcés et les camps de déplacés, après avoir vu tomber le rideau de fer, Jonas Mekas découvre le New York de la « Beat Generation » et sa scène artistique en effervescence. Avec quelques sous, il achète une Bolex 16 mm qui ne le quittera plus. Il filme son quotidien, des moments de sa vie et de celle de ses amis et proches,Brakhage, Anger, Smith, Markopoulos, Maciunas, Warhol, Ginsberg, le Velvet, Lennon et Yoko Ono, Dalí… En même temps que son journal, il retrace les heures de l'avant-garde new-yorkaise qu'il défend passionnément dans les colonnes de Film Culture et du Village Voice, à la fois promoteur et archiviste à travers la Filmmakers'Coop et l'Anthology Film Archives qu'il a cofondées. Passé à la vidéo à la fin des années 1980, s'essayant aux installations avec le nouveau millénaire, Jonas Mekas n'a cessé depuis de filmer le présent, toujours vigilant, prêt à capter ces instants de grâce qui tremblent dans ses images, à la fois très proches, absolument contemporaines, et immédiatement nimbées de la douce mélancolie du souvenir.
L'autre, José Luis Guerin, né en Catalogne, a grandi avec le cinéma qu'il a fréquenté et pratiqué dès son adolescence, au milieu des années 1970. Ses films, documentaires et fictions, mettent en scène des lieux traversés et transformés par le temps : le village irlandais où John Ford a tourné L'Homme tranquille, un quartier de Barcelone en mutation (En construcción), une villa normande où un drame se serait noué quatre-vingts ans plus tôt (Thuit), les rues de Strasbourg à la recherche d'une femme (Dans la ville de Sylvia), la pauvreté globalisée au fil des pérégrinations du cinéaste de festival en festival (Guest), sa rue à Barcelone témoin d'une tragédie (Recuerdos de una mañana)…
Qui s'étonnera que Jonas Mekas et José Luis Guerin, enfants des frères Lumière, opérateurs infatigables de leurs lieux, de leurs temps et de leurs habitants aient échangé une correspondance filmée ? Celle-ci, une installation vidéo constituée de neuf lettres, au cœur de la rencontre entre les deux cinéastes, est exposée au Centre Pompidou, parallèlement à la programmation de l'intégralité de leurs films, en leur présence.
Jonas Mekas et José Luis Guerin font ici les questions et les réponses. Un échange bref qui éclaire ce qui les occupe, ce qui les lie : un certain rapport au monde, une manière d'y vivre.
PROPOS RECUEILLIS PAR SYLVIE PRAS, CHEF DU SERVICE DES CINÉMAS, CENTRE POMPIDOU
JONAS MEKAS – Qu'est-ce que tu as pris aujourd'hui au petit déjeuner ?
JOSÉ LUIS GUERIN – Du pain de seigle avec de l'huile d'olive et un café.
JM – De chez toi, le matin, au réveil, peux-tu entendre les oiseaux chanter ?
JLG – Le dimanche, quand il n'y a pas de circulation. Ces jours-ci, ce sont les hirondelles, surtout le soir. Si tu pouvais entendre, mon ami, comme elles chantent bien ! Hier, les hélicoptères de la police survolaient la ville pour réprimer le « mouvement du 15 mai » (le mouvement des Indignés en Espagne) et m'empêchaient de les écouter.
JM – Si tu rencontrais Cervantes dans ton bar préféré ce soir, que lui dirais-tu ?
JLG – MERCI, de tout mon cœur. Je lui offrirais à boire et je tenterais de lui expliquer comment son œuvre a rendu ma vie, et celle de tant d'autres, meilleure.
JLG – Comment la crise affecte-t-elle Anthology Film Archives ?
JM – Certaines personnes sont pauvres, d'autres sont riches. Quand les riches souffrent, les pauvres, eux, restent pauvres. Anthology Film Archives a toujours été pauvre. Donc pendant que l'Amérique riche se plaint et « souffre », nous sommes égaux à nous-mêmes, toujours pauvres. Nous ne sommes pas du tout affectés par la « crise » économique. Comparativement, nous avons même l'air de nous porter mieux qu'hier. Nous n'avons rien perdu, ce qui est un plus !
JLG – L'occupation de Wall Street a-t-elle une quelconque suite ?
JM – J'ai perdu tout intérêt pour le mouvement Occupy Wall Street. S'il est une chose que je peux faire pour contribuer à l'amélioration de mes frères humains, c'est bien de continuer à faire ce que je connais le mieux. Je dois éviter toute distraction spirituelle (pour suivre le conseil de Saint Jean de la Croix).
JLG – As-tu terminé le film que tu voulais faire avec les chutes de tes précédents films ?
JM – Je n'ai pas encore fini mon Fading Movie (Film qui s'efface). Tel qu'il existe pour l'instant, son titre serait : Out-Takes From The Life of A Happy Man (Scènes coupées de la vie d'un homme heureux).
En partenariat avec le CCCB, le Festival d'Automne à Paris, l'institut ramon llull, l'Instituto Cervantes, l'Ambassade de Lituanie en France, le fonds de dotation agnès b.
En collaboration avec la Serpentine Gallery, les éditions Re:Voir, Potemkine, Capricci et Paris Expérimental.
Quand
tous les jours sauf mardis
Les accès au Centre pour les séances de cinéma du cycle Mekas-Guérin se font normalement 30 minutes avant le début de séance par la file réservée aux accès prioritaires. Toutefois si l’affluence pour l’exposition Dalí ne permet pas d’entrer immédiatement par cette file, une entrée spécifique sera ouverte et signalée sur le côté droit du canopy.