Cinéma / Vidéo
Lost, Lost, Lost
02 déc. 2012
L'événement est terminé
Programme 5 : Trois fois perdu
Le premier « journal filmé » que Jonas Mekas commence à tenir dès son arrivée à New York, en 1949 : « La période que je montre à travers ces six bobines de film fut une période de désespoir, de tentatives pour planter désespérément des racines dans cette terre nouvelle, pour créer des souvenirs. […] La sixième bobine est une transition, elle montre comment nous commençons à respirer, à trouver quelques moments de bonheur. Une nouvelle vie commence... » J. Mekas
Lost Lost Lost
de Jonas Mekas
États-Unis, 1976, 16mm, 175’, nb et coul., vostf
filmé entre 1949 et 1963, monté en 1976
avec Jonas et Adolfas Mekas (premières années à New York) et la communauté
immigrée lituanienne ; Robert Frank tournant The Sin of Jesus, LeRoi Jones,
Allen Ginsberg, Frank O’Hara au Living Theatre ; manifestations pour la paix ;
à la Film-Makers’ Cooperative ; tournage de Hallelujah the Hills, vues de New
York ; séminaire Robert Flaherty ; portrait de Tiny Tim ; ouverture de Twice a
Man (par Gregory Markopoulos) ; la campagne vue par Jonas Mekas, d’une part, et
Ken Jacobs, d’autre part
« La période que je décris à travers ces six bobines de film fut une période de
désespoir, de tentatives pour planter désespérément des racines dans cette
terre nouvelle, pour créer des souvenirs. À travers ces six douloureuses
bobines, j’ai essayé de décrire les sentiments d’un exilé, mes sentiments
pendant ces années-là. Elles portent le nom de Lost Lost Lost, titre que nous
voulions donner, mon frère et moi, à un film que nous voulions faire en 1949 et
qui aurait suggéré notre état d’âme en ces temps-là. Le film décrit l’état
d’esprit d’une “ Personne déplacée ” qui n’a pas encore oublié son pays natal
mais qui n’en a pas encore “ gagné ” un nouveau. La sixième bobine est une
transition, elle montre comment nous commençons à respirer, à trouver quelques
moments de bonheur. Une nouvelle vie commence... » Jonas Mekas, 31 mars 1976
« Chante Ulysse, chante tes voyages. Raconte où tu es allé. Raconte ce que tu
as vu et raconte l’histoire d’un homme qui n’a jamais voulu quitter son foyer,
qui était heureux et qui vivait parmi les gens qu’il connaissait et dont il
parlait la langue. Raconte comment il a été jeté de par le monde. » Jonas Mekas
dans Lost Lost Lost
« En laissant la Lituanie derrière lui, Jonas Mekas semble s’être perdu. Lost
Lost Lost. Trois fois perdu. Sans ponctuation. Comme les bégaiements de la
mémoire qui essaie de se souvenir dans les tercets erratiques (“ les arbres les
arbres les arbres… la route la route la route… l’enfance l’enfance l’enfance…
”) qui scandent les paysages enneigés du Vermont à l’avant-dernière bobine du
film. » Patrice Rollet, « Les exils de Jonas Mekas », Les Cahiers du cinéma
n°463, janvier 1993
« Au tournant des années 1950, le cinéaste immigré se transforme en activiste
incontournable de la scène underground en gestation. Comme tous les films de
Mekas, Lost Lost Lost est un documentaire précieux sur cette période :
naissance de Film Culture, revue importante dans la découverte américaine de
Dreyer et Cassavetes, premières réunions de la Film Makers' Coop, point de
rendez-vous de Warhol, Jack Smith, Shirley Clarke et Brakhage. Mekas saisit le
plus pur et le plus ludique air du temps. Il explore les lumières de New York
et ses bas-fonds. » Olivier Joyard, « Jonas Mekas, l’odyssée de l’exil », Les
Cahiers du cinéma n°552, décembre 2000
Rediffusion le samedi 22 décembre, 20h, cinéma 1
Quand
À partir de 15h