Cinéma / Vidéo
Présentation du nouveau catalogue Film
06 févr. 2013
L'événement est terminé
Séance organisée à l’occasion de la publication du nouveau catalogue de la collection des films du Musée national d'art moderne, Centre Pompidou, Paris.
Avant que, dans la première décennie du XXe siècle il ne devienne le reflet du monde – sa doublure immatérielle ou sa fiction – le cinéma est apparu, fugitivement, comme un pourvoyeur d’irréalité : pour Etienne-Jules Marey reprenant la question de la substance et reconstruisant une cosmologie à partir de l’hypothèse du mouvement, pour les opérateurs Lumière encore dressant, tout autour de la planète, le catalogue interminable de la circulation des mobiles (défilés, déchargements de bateaux, sorties et entrées de trains dans les gares…), la réalité n’a pas été l’objet du cinéma, mais un cristal dans lequel il voyait se refléter ses propres pouvoirs. La culture expérimentale a gardé la trace de cette configuration originelle et n’a cessé, en se fermant à l’extériorité, de revenir en boucle sur ses composantes, s’éveillant ainsi à la conscience de son propre passé et à celle de son inscription dans l’histoire des images. Le film n’est pas une ouverture de la photographie au mouvement et au temps : celle-ci n’en constitue qu’une puissance, au même titre que la peinture, la sculpture ou le dessin auxquels le film ne cesse d’emprunter leurs propriétés, trouvant dans ces emprunts le principe de son renouvellement ; l’écran n’est pas une fenêtre à travers laquelle le monde ou le reflet du monde s’étendent en profondeur mais une surface d’inscription sur laquelle viennent jouer des effets que l’histoire de l’art plus que l’histoire du cinéma nous a appris à reconnaître.
Désormais, l’histoire du cinéma nous apparaît comme une histoire locale qu’il convient, pour rendre au film son extension réelle et pour ainsi dire son opacité, de reconsidérer à partir de ses limites. En dissociant, déplaçant ou réagençant ses propriétés, la tradition expérimentale qui se prolonge dans la pratique du film d’artiste nous révèle la dimension essentiellement plastique du film : elle nous apprend à voir dans le défilement, la projection ou le montage non les instruments de la construction d’un monde d’illusion, mais des dispositifs et des agencements dont les lois s’identifient à des procédures de transfert, entre les medium, les matériaux et les disciplines. Animer des surfaces, produire des causalités irréelles, organiser la transformation des images en corps et des corps en images, faire apparaître et disparaître des figures : délivrées de leur fonction de reflet, les images filmiques, non fixées et lacunaires, apparaissent pour ce qu’elles sont : des déterminations instables visant non pas à reproduire le réel, mais à le transformer.
Philippe-Alain Michaud
Day for Night, Tacita Dean, 2009, 16mm, coul, sil, 10’
Aves : Magnificent Frigate Bird, Great Flamingo, Nancy Graves, 1973, 16mm, coul, son, 23’ (extrait)
Downtown Tilt, Zoom and Pan, Mark Lewis, 2005, Super 35mm transféré en HD, coul, sil, 4’28
Préface à la quatrième édition, Walid Raad, 2013, video, 12’48
Day is done, Mike Kelley, 2005-2006, video, coul, son, (extrait)
La projection sera suivie d’une discussion entre Clara Schulmann (Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Bordeaux) ; Marcella Lista (Musée du Louvre) ; Jean-Philippe Antoine (Université Paris VIII, Vincennes Saint Denis) et Philippe-Alain Michaud (Centre Pompidou).
Quand
À partir de 19h
Sauf mention contraire, tous les films sont présentés en version originale non sous-titrée.
Où
Partenaires
Programme réalisé avec le soutien de l’Anthology Film Archives, New-York