Cinéma / Vidéo
Wang Bing - Jaime Rosales
Cinéastes en correspondance
14 avril - 17 mai 2014
L'événement est terminé
Correspondance filmée entre Wang Bing et Jaime Rosales, rétrospectives intégrales, avant-premières, installations, rencontres avec les cinéastes.
« Cinéastes en correspondance », la série engagée par le Centre Pompidou qui a déjà réuni Abbas Kiarostami et Victor Erice, Jonas Mekas et José Luis Guerin, Albert Serra et Lisandro Alonso, présente aujourd'hui la correspondance filmée entre le cinéaste chinois Wang Bing et Jaime Rosales, cinéaste espagnol à l'oeuvre de fiction engagée, composée à ce jour de quatre longs métrages, dont Rêve et silence, présenté au Festival de Cannes l'an passé. Le Centre Pompidou invite parallèlement Wang Bing à présenter, au Forum -1, une installation inédite en France, Crude Oil, ainsi que d'autres oeuvres inédites.
Photographe de formation, Wang Bing s'est imposé dès son premier film, le documentaire fleuve À l'ouest des rails, en 2004, comme un auteur majeur du cinéma contemporain. Sa démarche radicale et son regard fixé en permanence sur les destins humains documentent de films en films
l'histoire et la mémoire de la Chine d'aujourd'hui. Des mineurs aux rescapés des camps de travail dans Fenming chronique d'une femme chinoise en 2007 et Le Fossé en 2010 ; des paysans des hautes montagnes dans Les Trois soeurs du Yunnan (en salles le 16 avril 2014), aux aliénés d'un hôpital psychiatrique dans Til Madness Do Us Part, le cinéaste chinois interroge sans relâche les vies dans le chaos de la modernité de son pays. Wang Bing et Jaime Rosales se retrouvent face au public, dans un moment de complicité aussi profond et singulier que le talent des deux cinéastes.
Correspondance filmée entre Wang Bing et Jaime Rosales, rétrospectives intégrales, avant-première, installations, rencontres en présence des cinéastes.
« Cinéastes en correspondance », la série engagée par le Centre Pompidou qui a déjà réuni Abbas Kiarostami et Victor Erice, Jonas Mekas et José Luis Guerin, Albert Serra et Lisandro Alonso, présente aujourd’hui la correspondance filmée entre le cinéaste chinois Wang Bing et Jaime Rosales, cinéaste espagnol à l’œuvre de fiction engagée, composée à ce jour de quatre longs métrages, dont Rêve et silence, présenté au Festival de Cannes, en 2012.
Le Centre Pompidou invite parallèlement Wang Bing à présenter, au Forum -1, trois vidéos : Crude Oil, inédite en France, ainsi que Traces et Père et fils, ainsi que, pour la 1ère fois dans le monde, son travail photographique, sous forme de trois séries.
Photographe de formation, Wang Bing s’est imposé dès son premier film, le documentaire fleuve À l’ouest des rails, en 2004, comme un auteur majeur du cinéma contemporain. Sa démarche radicale et son regard fixé en permanence sur les destins humains documentent de films en films l’histoire et la mémoire de la Chine d’aujourd’hui. Des mineurs aux rescapés des camps de travail dans Fenming chronique d’une femme chinoise en 2007 et Le Fossé en 2010 ; des paysans des hautes montagnes dans Les Trois soeurs du Yunnan (en salles le 16 avril 2014), aux aliénés d’un hôpital psychiatrique dans Til Madness Do Us Part, le cinéaste chinois interroge sans relâche les vies dans le chaos de la modernité de son pays. Wang Bing et Jaime Rosales se retrouvent face au public, dans un moment de complicité aussi profond et singulier que le talent des deux cinéastes.
Propos recueillis par Sylvie Pras,
chef du service des cinémas, département du développement culturel
Sylvie Pras – Le Centre Pompidou présente, à partir du 14 avril, les trois films de votre correspondance filmée. Qui êtes-vous l’un pour l’autre ?
Jaime Rosales – Wang Bing est un ami et un collègue. Nous nous sommes connus à Paris, en 2004, dans le cadre de la Résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes. Nous avons vécu dans le même appartement pendant quatre mois. Nous partagions des repas, des rencontres, des impressions sur le cinéma malgré les difficultés de communication. Nos deux premiers films, À l’ouest des rails et Les Heures du jour, étaient sortis en France à peu près à la même époque.
Wang Bing – Jaime parlait souvent de poésie et, dans ces moments, on se sentait tous très jeunes ! Pour ma part, c’était la première fois que je quittais la Chine, où j’habitais, et que je travaillais avec des étrangers. Jaime se souciait souvent de moi, se préoccupait de ma vie en Chine.
SP – Vous semble-t-il que vos filmographies se rejoignent ?
WB – Les films de Jaime sont très paisibles et calmes. Il traite de la relation étroite qui existe entre les explosions soudaines de violence dans l’existence et dans la vie des gens ordinaires. Sa façon de filmer est très directe, il ajoute très peu d’ornements narratifs, comme si aucune direction ne structurait l’histoire. Ses films dégagent une sensation de froideur, comme s’ils étaient exempts de toute chaleur.
JR – Je dirais que nous tentons à peu près la même chose : rendre compte de la réalité par des moyens assez semblables.
SP – Jaime, comment est née l’idée de T4 – Barajas Puerta J 50, la première lettre que vous avez adressée à Wang Bing ?
JR - À cette époque, en 2009, j’étais plus sensible à l’art contemporain. Comme toujours lorsque je commence un projet de film, il me faut résoudre une triple équation : thème, forme, budget. Je trouve toujours le thème sur lequel je vais parler parmi les choses qui me dérangent. Le rythme de la vie moderne, les produits en plastique, l’ensemble de la société de consommation en font partie. C’est devenu le thème du film : un grand aéroport avec beaucoup de monde qui consomme. Il fallait trouver une forme et un budget. Un plan séquence en panoramique avec un téléobjectif où le son ne suivait pas l’image. Tourné en 35 mm, en un seul jour. Voilà tout.
SP – Vous avez souhaité faire une réponse à Wang Bing. Contrairement à ce qui avait été décidé, qu’était-il important de poursuivre ?
JR – La lettre de Wang Bing m’a énormément plu. Je la trouve bouleversante. Red Land est une réponse directe, ou peut-être une réponse à l’œuvre de Wang Bing toute entière : le thème d’un temps qui n’existe plus. L’époque des ouvriers des industries lourdes est révolue. C’est pareil en Chine et en Espagne. C’est pareil partout.
SP – Et vous, Wang Bing, comment vous est venue l’idée de tourner Happy Valley ?
WB – En 2005, un ami m’a fait découvrir Histoire de dieu, le roman de Sun Shi Xiang Zhu, mort quelques années auparavant. J’ai lu pas mal de romans chinois mais celui-ci m’a beaucoup ému, je suis resté plongé dans le silence pendant plusieurs jours. Je pense que ce roman est une œuvre littéraire phare de la Chine contemporaine, négligée par la littérature actuelle. On peut dire que, comme mes propres films, elle n’est pas considérée. C’est pourquoi en 2009, alors que je venais de terminer le tournage du Fossé, mon seul film de fiction, je me suis rendu dans la région natale de Sun Shi Xiang Zhu afin de me recueillir sur sa tombe. Sur le chemin du retour, je suis passé par « Xi Yang Tang » (Happy Valley). C’est là que j’ai rencontré ces trois fillettes. J’avais sur moi un mini caméscope et j’ai filmé quelques images en passant. Je ne savais pas encore que, quelques années plus tard, je reviendrais les suivre pour un long métrage, devenu Les Trois sœurs du Yunnan.
SP – Wang Bing, vous pouvez nous parler de vos projets à venir ?
WB – Je présente actuellement mon nouveau film, Til Madness Do Us Part, dans les différents festivals du monde entier : Venise, Lisbonne, Nantes. Il traite de la vie de quelques personnages dans un hôpital psychiatrique de la province du Yunnan, en Chine. C’est un film auquel je tiens beaucoup, que je porte en moi depuis de nombreuses années, sans jamais avoir eu l’occasion de le tourner. Il me semble qu’il est étroitement lié à la vie de tous les Chinois contemporains. Avec ce film, vous pouvez voir la Chine telle qu’elle est aujourd’hui. Mon film Les Trois sœurs du Yunnan, dont la correspondance filmée avec Jaime Rosales est en quelque sorte l’incipit, sortira sur les écrans français le 16 avril 2014. D’ici là, je vais tourner un nouveau documentaire, des histoires d’adolescents.
Quand
tous les jours sauf mardis