Cinéma / Vidéo
A l'Ouest des rails
27 avril 2014
L'événement est terminé
À L'OUEST DES RAILS
TIE XI QU
de Wang Bing
Chine, 2003, béta, 551', coul, vostfr
À Shenyang, dans la province du Dongbei, à l’extrême nord-est de la Chine, Tie Xi est un gigantesque complexe industriel né au temps de l'occupation japonaise, en 1934.
Symbole du modèle de production socialiste, il a prospéré jusqu'à compter un million d'ouvriers dans les années 80, moment de son apogée. Reconverti dans l'économie de marché, il décline au tournant des années 2000.
De décembre 1999 à avril 2001, Wang Bing a filmé la lente agonie des usines et des hommes dans l'effondrement final d'un système obsolète. En suivant au quotidien la descente aux enfers d'une classe ouvrière autrefois promise à d'autres gloires par la Révolution chinoise, le cinéaste plonge au coeur d'une épopée moderne et élève ces hommes et ces femmes au rang des plus bouleversants héros de cinéma.
Ce film, premier réalisé par Wang Bing, en DV, aujourd'hui reconnu comme un geste cinématographique majeur, est composé de trois parties : Rouille 1 et 2 (Gonq chan), 124'
et 119', Vestiges (Yan fen jie), 178' et Rails (Tie lu), 135'.
« Ce que Wang Bing filme dans À l’ouest des rails, c’est le monumental – ou plus exactement la dissolution du monumental, la dégradation presque à vue d’oeil des monuments industriels de son pays. Tout le film montre le lent progrès de la ruine, explore les vestiges, près de disparaître définitivement, d’une puissance industrielle en pleine déliquescence. Au terme du parcours, la durée s’impose comme une évidence, car il faut bien neuf heures pour parvenir à prendre de vitesse la rapide dissolution de ces monuments ; il faut tout filmer avant que ce tout ne disparaisse, comme si la rouille progressait plus vite que les 24 images / seconde. Surtout, ce long temps est paradoxalement indispensable pour capter et fixer sur la pellicule l’instant fugitif, pour exprimer le mouvement imperceptible de la matière. Alors que la fiction cinématographique traditionnelle se fonde sur la nécessaire mémoire de ce qui précède, Wang Bing construit au contraire toute son oeuvre sur l'oubli, sur l'effacement impératif de l'image d'avant pour laisser advenir l'éphémère sensation de la ruine : c'est paradoxalement la dilatation de la durée qui exprime le mieux la disparition. Singulière dialectique, qui fait d'À l'ouest des rails une oeuvre unique. »
Dominique Païni, Le Cinéma, un art plastique (Yellow Now / Morceaux choisis, 2013)
Une entracte de 15 minutes sépare la diffusion de chacune des parties.
Dimanche 27 avril, 14h, Cinéma 2,
séance présentée par Dominique Païni
Prochaine séance :
Dimanche 10 mai, 14h, Cinéma 2
Quand
À partir de 14h