Cinéma / Vidéo
L'Homme sans nom
19 avril 2014
L'événement est terminé
L'HOMME SANS NOM
WU MING ZHE
de Wang Bing
France, Chine, 2009, béta, 97', coul., vostfr
L'histoire se passe dans les ruines d'un village, abandonné et entouré par un vieux mur, où vit une seule personne, un homme de 40 ans. Il n'a pas de nom. Le jour, il travaille comme un animal dans les ruines ; le soir, il dort comme un primitif dans une grotte. En hiver, il sort de sa grotte de bonne heure et va très loin, dans des champs désertés, pour trouver des crottes de moutons et de vaches qu'il ramène pour fertiliser son jardin. Au printemps, les ruines du village sont couvertes d'herbe, il cultive son jardin et y sème des graines. En été, il ramasse de petites pierres dans les herbes pour se construire une maison. En automne, il fait sa récolte. Tout ce qu'il mange provient de sa propre récolte et de ce qu’il trouve dans d'autres villages. Il ne parle à personne. De temps en temps, il se parle à lui-même. Parfois, il éclate de rire. La gamelle, le baril d'eau et les autres objets d'usage courant sont des déchets industriels. Jour et nuit, mois et année, il vit comme ça jusqu'au jour où il meurt dans la grotte ou dans des ruines ou dans des champs.
Texte réalisé à l’occasion de la production puis la présentation de L'Homme sans nom, sous forme d'installation, à la Galerie Chantal Crousel, en 2009.
« Normalement, un cinéaste prépare son cadre et la durée de son plan pour mieux les maîtriser : il indique – il impose – à son acteur quoi faire, dans quel espace et dans quelle durée le faire. Il précède pour fonder sa préséance. Ici, c'est le contraire exactement : la caméra suit l’être filmé, quitte à perdre pour longtemps la possibilité de cadrer son visage, son en-face. Elle se refuse à anticiper ou à commander quoi que ce soit. Elle ne "prend" ni ne "capte" : simplement elle suit. Ce qui, grâce à la richesse de ce verbe en français, nous indique peut-être qu'on ne comprendra jamais autrui ( "je te suis" au sens de : "je comprends la direction de ta pensée") sans accompagner, sans respecter physiquement, fût-ce en restant derrière, en retrait, chaque mouvement et chaque temporalité spécifique de son corps. »
Georges Didi-Huberman, Épilogue de L'Homme sans nom, Peuples exposés, peuples figurants. L'oeil de l'histoire. (Les Éditions de Minuit, 2012)
Samedi 19 avril, 15h, Cinéma 2,
séance présentée par Wang Bing, Emmanuel Burdeau et Eugenio Renzi, suivie de la signature de leur livre d’entretiens Alors, la Chine
Dimanche 4 mai, 19h, Cinéma 2
Quand
À partir de 15h