Exposition / Musée
Wang Bing - Jaime Rosales - Exposition
Cinéastes en correspondance
14 avril - 26 mai 2014
L'événement est terminé
En plus des rétrospectives en salles du travail des deux cinéastes, la manifestation WANG BING / JAIME ROSALES, CINEASTES EN CORRESPONDANCE se déploie au Forum -1, avec la présentation de leur CORRESPONDANCE FILMEE, la projection de 3 vidéos inédites de Wang Bing : Crude Oil (2008, 840'), Traces (2014, 25') et Père et fils ( 2014, 85'), et enfin l'exposition du travail photographique de Wang Bing,
WANG BING, PHOTOGRAPHIES pour la première fois dans le monde.
WANG BING - JAIME ROSALES,
LA CORRESPONDANCE FILMEE
Après la correspondance filmée entre Lisandro Alonso et Albert Serra, présentée en 2013, le Centre Pompidou expose les lettres vidéo que se sont échangées Jaime Rosales et Wang Bing, entre novembre 2008 et avril 2011. Les deux hommes se connaissent et sont amis depuis leur séjour à la Cinéfondation du Festival de Cannes, en 2004. Leur Correspondance est composée de trois films : T4 - Barajas Puerta J 50, de Jaime Rosales, Happy Valley, la réponse que lui a faite Wang Bing et enfin, Red Land, l'ultime message de l’Espagnol au Chinois, réponse non prévue mais nécessaire, qui clôt cette rencontre en images et prouve s'il en était besoin, les liens qui unissent les filmographies des deux cinéastes.
« Le lent passage du temps rend notre regard aussi contemplatif que scrutateur, découvrant des nuances inattendues d'une réalité qui se manifeste à nous dans et par le cinéma. Même si c’est par opposition. Parce que la dilatation temporelle de ces courts métrages montre ce qui semble être en dehors du temps, soit (neg)otium (affaires/ loisirs) chez Rosales, soit exclusion chez Wang Bing, en soulignant la suspension de ces deux communautés, la première parce que transitoire, la deuxième parce que marginale. L'observation microscopique de Jaime Rosales nous fait découvrir une réalité qui est toujours décalée, alors que chez Wang Bing l'irruption du réel apparaît à l'état brut dans la non-vie de ceux qui survivent. Les deux cinéastes écrivent des scénarios, mais, dans leurs films, le sens du tournage s’obtient en filmant. Cela pousse Rosales à rectifier ou à ajuster constamment le cadrage, en fonction de ce que trouve le téléobjectif, alors que Wang Bing suit et poursuit ses personnages caméra en main. Ils indiquent ainsi tous deux l'importance de se taire pour voir, pour apprendre à voir à nouveau, ou mieux, pour « savoir regarder » la réalité. Et s'ils en appellent à une responsabilité critique du regard, c'est pour nous faire prendre conscience des choses, de leurs changements dans l'histoire et de leurs différents effets sur les rapports sociaux, à savoir, la culture. »
Joana Hurtado Matheu, livret de l'édtion DVD des Correspondances filmées, éd. Intermedio
T4 – BARAJAS PUERTA J 50
de Jaime Rosales
Espagne, 2009, vidéo, 10', coul., vostfr
Une journée quelconque à l'aéroport de Madrid. Une caméra équipée d'un téléobjectif filme le micro-devenir des passagers qui attendent, qui font quelques courses ou qui jouent à la console vidéo. Rosales nous emmène dans un aéroport, « non lieu » par excellence de la culture occidentale contemporaine, où les voyageurs et les travailleurs partagent des moments sans histoire, sans identité.
HAPPY VALLEY
XI YANG TANG
de Wang Bing
Chine, Espagne, 2009, vidéo, 18', coul., vo
Dans les montagnes du Yunnan, trois jeunes soeurs (Yingying, dix ans, Zhenzhen, six ans, et Fenfen, quatre ans) semblent abandonnées. Livrées à elles-mêmes, elles partagent le quotidien des habitants du hameau de Xi Yang Tang qui vivent dans un extrême dénuement. Le film propose un rapide état des lieux de ce village.
RED LAND
de Jaime Rosales
Espagne, 2011, vidéo, 21', coul., vostfr
Dans l'ancienne mine de Rio Tinto, fermée depuis plusieurs années et actuellement centre d'attraction touristique, les visiteurs parcourent les lieux où leurs parents, leurs grands-parents et leurs arrières grandsparents ont construit la société de l'État providence à coup de marteau, de sueur et de mort. Ils ne semblent pas s'en souvenir, et peu leur importe.
LES VIDEOS
CRUDE OIL
YUAN YOU
de Wang Bing
Chine, Pays-Bas, 2008, vidéo, 840', coul., vostfr
Le 21ème siècle signifie conflits pour l'or noir et pouvoir du pétrole dans un monde globalisé. L'ouest de la Chine était autrefois la région la plus pauvre du pays. Il est constitué principalement du désert de Gobi et de paysages montagneux. Les revenus de cette région reposent aujourd'hui sur l'exportation du pétrole, du charbon, de métaux et de minerais. Les zones minières sont constamment en expansion et se développent à une vitesse croissante. L'absolutisme du désert de Gobi, la rugosité des régions montagneuses et l'impétuosité des averses dues au climat prouvent l'incompatibilité entre le pouvoir de l'homme et la machine. Tourné dans cet environnement, en haute altitude, au nord-ouest de la Chine, Crude Oil dépeint l'industrie lourde du pétrole brut et le travail des ouvriers qui effectuent, durant de très longues journées, un labeur sale et épuisant. Wang Bing les suit. Dans leurs cantines et jusque dans leurs
dortoirs pendant qu'ils jouent aux cartes. Il les écoute parler des femmes et de l'argent.
La pression sur ces hommes et sur l'extraction du pétrole en général est gigantesque. Le climat des hauts déserts montagneux est rude. Malgré tout, le travail doit être fait, pour assouvir la dépendance toujours plus grande de la Chine, en pleine expansion économique, vis-à-vis du pétrole. Crude Oil est présenté ici sur un seul écran. Le spectateur suit une journée de l’extraction du pétrole, du matin jusqu’au soir. Le temps cinématographique évolue parallèlement au temps réel.
TRACES
YIZHI
de Wang Bing
Chine, 2014, vidéo, 28', n. et b., sans paroles, film inédit
En 1996, l'artiste Yan Fudong avait déposé les bobines 35 mm de son film, Estranged Paradise, chez Wang Bing. En les récupérant, il a laissé au cinéaste soixante minutes de pellicule vierge. En 2005, Wang Bing préparait son premier film de fiction, Le Fossé, qui met en scène les derniers mois de la vie de prisonniers dans un des camps de « rééducation par le travail », instaurés par le régime communiste, au début des années 60. Le cinéaste s'est rendu dans le désert de Gobi, sur les lieux exacts où des milliers d'hommes ont vécu dans des conditions de dénuements extrêmes, où beaucoup ont péri. Il a filmé le site en 35mm pendant une heure environ, des vues du désert, des ossements abandonnés, un paysage voué à disparaître.
En 2013, Wang Bing a retrouvé ces pellicules et les a numérisées. Revues aujourd'hui, ces images constituent un excellent document des événements de l'époque, restés quasiment
tus à ce jour. L'aspect du lieu a par ailleurs complètement changé depuis. Montées, elles constituent le film Traces, auquel elles confèrent une valeur d'archive historique.
PÈRE ET FILS
FUYUZI
de Wang Bing
Chine, France, 2014, vidéo, 85', sans paroles, film inédit
« Il y a dix ans, l'épouse de Cai l'a quitté. Il a confié ses deux fils à son frère, qui habitait dans son village natal, pour aller travailler à Fuming, dans une usine privée où il est mouleur de pierres, il casse des pierres pour en faire de la poudre. En 2011, il a ramené ses deux fils sur son lieu de travail et leur a trouvé une école près de chez eux. Depuis, le père et ses deux fils vivent dans une cabane qui appartient à l'usine. Nous avons commencé à filmer leur vie le 2 février 2014. Le matin du 6 février, notre équipe a été menacée par le patron de l'usine et nous avons dû arrêter notre tournage. »
Wang Bing, 9 mars 2014
Wang Bing a rencontré les deux garçons durant le tournage du film Les Trois soeurs du Yunnan, à 3200 mètres d'altitude. Il avait alors filmé et monté une séquence qui les représentait en train de ramasser des excréments, sans qu'elle trouve sa place dans le montage définitif du long métrage.
WANG BING, PHOTOGRAPHIES
Wang Bing reste l'un des premiers cinéastes de l'histoire à avoir éprouvé la mutation entraînée par l'avènement de la technologie numérique, avec À l'ouest des rails, en 2003.
On sait moins qu'il a reçu une formation de photographe et qu'il a débuté en s'essayant à la prise de vue et au développement sur support argentique. A la fin des années 80, alors qu'il cherche à intégrer l'université, Wang Bing découvre la photographie, initié par un ami à qui il emprunte son appareil. C’est l'époque où, jusqu'ici réservée aux professionnels, la photographie se démocratise en Chine. En 1990, il suit un atelier de création photographique et rencontre la photographe professionnelle Wang Shaochun, dont il devient l'assistant. En 1992, âgé de 25 ans, Wang Bing entre à l'Ecole des beaux-arts de Lu Xun, à Shenyang, dans le nord-est de la Chine. Il étudie dans un cadre académique l'histoire de l’art, la peinture, la littérature et réalise des travaux de développement pour payer ses cours. Sa technique s'améliore. C’est à cette époque qu'il élabore la réflexion qui servira de base à son travail ultérieur, comme il l'explique si précisément à Emmanuel Burdeau et Eugenio Renzi, dans le livre d'entretiens publié sous le titre Alors, la Chine : « Lorsqu'on s'apprête à prendre une photo et qu’on regarde l'apparence du monde, on doit s'efforcer de regarder attentivement un objet concret. Au bout d'un moment ce n'est plus la surface de l'objet qu'on voit, mais l’intérieur de son image, son noyau. (…) L'image est simplement une façon d'observer, une façon de connaître l'objet en soi. Qu'il s'agisse du cinéma ou de la photo, lorsqu'on regarde un objet, il devient sensible, palpable. On se demande comment regarder cette carafe par exemple, comment regarder le sentiment qui en émane, et comment ce sentiment apparaît à travers l’image. Chaque objet a une forme, une caractéristique. L'image doit nous donner le sentiment de pouvoir entrer dans le monde de l'objet. »
En réponse à l’invitation du Centre Pompidou, Wang Bing a souhaité exposer, pour la première fois, son travail photographique, présenté sous la forme de trois séries, réalisées entre fin 2013 et début 2014 en argentique. Les images de Père et fils,Traceset L'Homme sans nom reviennent sur des lieux, vers des personnages, que Wang Bing a filmés dans des oeuvres antérieures. L'ensemble de ces plans se répondent et nous interpellent, comme le ballet saisissant de la Chine contemporaine.
La série L'Homme sans nom ainsi que la série Père et fils,sont produites avec le soutien de la Galerie Paris-Beijing. Wang Bing présente d’autres photographies inédites à la Galerie Paris-Beijing, 54 rue du Vertbois, 70003 Paris, du 29 avril au 7 juin 2014.
L’HOMME SANS NOM
MAN WITH NO NAME
WUMINGZHE
16 tirages numériques, d'après négatifs argentiques
formats 6X6, 6X9 et 6X12
Janvier 2014, à Zhuolu, Province du Hebei
En 2006, alors qu'il traverse le Hebei, au nord de la Chine, non loin de Pékin, dans un paysage inhabité et aride, Wang Bing croise la route d'un homme, qui apparaît tout à coup, comme sorti de nulle part. Il le suit jusqu'à la grotte qu'il occupe. Il le filmera, sans que jamais aucune parole ne soit prononcée entre eux. Sept ans plus tard, Wang Bing revient photographier l'homme sans nom, dont la vie, dit Wang Bing « ressemble à celle d’une pousse ».
TRACES
TRACES
YIZH
11 tirages numériques, d’après négatifs argentiques
formats 6X6, 6X9 et 6X12
Janvier 2014, à Jiuquan, Province du Gansu
En 2006, Wang Bing parcours le désert de Gobi pour les repérages d'un film de fiction, Le Fossé, à l'endroit exact où ont existé les camps de « rééducation par le travail » mis en place par le gouvernement chinois à la fin des années 50. Il y filme le désert et les restes abandonnés des prisonniers de l’époque. À la fin de l’année 2013, il retourne sur les lieux d'où les vestiges ont désormais disparu. Il photographie le paysage transformé.
PÈRE ET FILS
FATHER AND SONS
FUYUZI
13 tirages numériques, d'après négatifs argentiques
formats 6X6, 6X9 et 6X12
Février 2014, à Fuming, Province du Yunnan
Cai a quitté la campagne pour vivre avec ses deux fils dans la ville de Fuming, dans la province du Yunnan. Il travaille comme mouleur de pierre dans une usine. Tous trois habitent ensemble dans une chambre, occupée par un seul lit et un fourneau. La nuit, le père part travailler et laisse le lit à ses fils. Au début de l’année 2014, Wang Bing filme et photographie pendant quelques jours leur quotidien de déplacés.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
Partenaires
En collaboration avec
Les Acacias, Wil Productions, la Galerie Paris-Beijing
En partenariat avec
Le Centre de Culture Contemporaine de Barcelone
Avec le soutien de
Shan Shui Zhi Jian et le Service d’action et de coopération culturelle - Institut français de Chine de l’Ambassade de France en Chine