Exposition / Musée
Les Péchés capitaux 1
La Paresse
11 sept. - 4 nov. 1996
L'événement est terminé
La série de six expositions regroupées sous le titre "les Péchés Capitaux" se veut d'abord un exercice de muséologie expérimentale. Partant du prétexte incongru de l'illustration des transgressions morales qui, au Moyen-âge, rendaient leurs auteurs passibles des feux de l'enfer, elle donne lieu à des rapprochements d'oeuvres qui défient les règles des taxinomies académiques.
Que peuvent avoir en commun une oeuvre de Marcel Duchamp, de Claude Rutault ou de Raymond Hains, sinon leur célébration des voluptés de la paresse ?
Que peut rapprocher un piano pulvérisé d'Arman et une peinture d'Hélion consacrée aux "événements de Mai", sinon leur intérêt pour les gestes nés de la colère ? Que peut justifier une mise en parallèle du minimalisme et de l'arte povera sinon leur esthétique du réductionnisme, de la pauvreté : forme laïque et moderne de l'avarice ? Au sein des collections contemporaines du Musée naissent ainsi des parentés, des généalogies qui ignorent les lois de ce formalisme (avoué ou cryptique) qui régit encore généralement les accrochages.
Ainsi La Paresse, première de cette série, parce qu'elle est réputée mère de tous les vices, est-elle une des données les plus riches de ce siècle. Beaucoup d'artistes ont revendiqué le droit à la paresse. D'abord pour s'opposer aux accusations d'inutilité, voire de parasitisme social, proférées à leur encontre. Non contents d'afficher leur défaut, ils s'en sont pris à l'imbécilité d'une vertu pour le coup vraiment inutile dans leur partie : le travail ou l'effort. Pourquoi l'honnête spectateur moyen devrait-il être rassuré devant une oeuvre en constatant qu'il y a tout de même du travail ? Si les artistes ont revendiqué leur soi-disant paresse et s'ils se sont attachés à dénigrer une vertu aussi inutile que le travail, c'est pour mettre l'accent sur ce qui leur appartient en propre : la conception. La conception relève d'une synthèse entre la pensée et l'intuition. C'est elle et non le travail qui est réellement à l'oeuvre. Ce qui différencie un sculpteur du praticien qui suit ses directives, c'est la conception. Malévitch recommandait à ses élèves : « Soyez en pleine posséssion de votre force, jamais en plein effort ». Picasso disait la même chose, lorsqu'il répondait à un amateur qui lui demandait combien de temps il lui fallait pour faire tel dessin : « Cinq minutes plus toute une vie ».
Quand
tous les jours sauf mardis