Porte-bouteilles
1914 / 1964
Porte-bouteilles
1914 / 1964
Au rayon quincaillerie du Bazar de l'Hôtel de Ville, Duchamp achète en 1914 un banal porte-bouteilles, objet choisi selon ses mots pour leur « absence totale de bon ou de mauvais goût ».
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Ready-made |
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Technique | Fer galvanisé |
Dimensions | 64 cm Diamètre : 42 cm |
Acquisition | Achat, 1986 |
N° d'inventaire | AM 1986-288 |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 20 : Francis Picabia / Anna Sommer
Informations détaillées
Artiste |
Marcel Duchamp
(1887, France - 1968, France) |
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Titre principal | Porte-bouteilles |
Titre attribué | Egouttoir ; Séchoir à bouteilles ; Hérisson |
Date de création | 1914 / 1964 |
Circonstances de production | D'après une photographie prise par Man Ray en 1936 (l'original, perdu, fait à Paris en 1914), cet exemplaire a été réalisé en 1964 sous la direction de Marcel Duchamp par la Galerie Schwarz à Milan |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Ready-made |
Technique | Fer galvanisé |
Dimensions | 64 cm Diamètre : 42 cm |
Tirage | Exemplaire : Rrose |
Inscriptions | S.D.N.B. : Marcel Duchamp 1964 / Exempl. / Rrose |
Acquisition | Achat, 1986 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1986-288 |
Analyse
En 1914, Marcel Duchamp acquiert, au rayon quincaillerie du Bazar de l’Hôtel-de-Ville, un porte-bouteilles. Plus tard, il justifie cet achat : « Ce choix était fondé sur une réaction d’indifférence visuelle, assortie au même moment à une absence totale de bon ou mauvais goût… en fait une anesthésie complète » (M. Duchamp, « À propos des readymades », dans Duchamp du signe. Écrits de l’artiste réunis et présentés par Michel Sanouillet, Paris, Flammarion, 1975 ; rééd. 1994, coll. « Champs », p. 191). La lettre que Duchamp adresse à sa sœur Suzanne pour lui annoncer son invention du readymade donne de l’objet une description qui en fait le véritable premier des readymades : « […] Si tu es montée chez moi, tu as vu dans l’atelier une roue de bicyclette et un porte-bouteilles. […] J’ai une intention à propos de ce porte-bouteilles. Écoute […] prends pour toi ce porte-bouteilles, j’en fais un readymade à distance. Tu inscriras en bas et à l’intérieur du cercle du bas, en petites lettres peintes avec un pinceau à l’huile en couleur blanc d’argent, l’inscription que je vais te donner ci-après et tu signeras de la même écriture comme suit [d’après] Marcel Duchamp » (M. Duchamp, cité dans Francis M. Naumann, Marcel Duchamp : L’art à l’ère de la reproduction mécanisée, Paris, Hazan, 1999, p. 64-65). En 1921, lors d’un séjour à Paris, Duchamp refait le Porte-Bouteilles pour l’offrir à sa sœur. Il sera présenté, en 1936, dans l’exposition d’objets surréalistes de la galerie Charles Ratton. Dès sa naissance, le readymade (version du Musée, cat. rais. 1, no 306 g), comme d’ailleurs la plupart des œuvres de Marcel Duchamp, est doté d’une double dimension : plastique (visuelle) et scripturaire (intellectuelle). Le Grand Verre ne saurait être pleinement compris sans les Notes autographes de la « Boîte verte », 1912-1915 (son commentaire, le récit de sa genèse) qui en constituent le complément « spirituel ». Qu’une des composantes du readymade vienne à manquer (ce qui est le cas de l’inscription du « hérisson », autre nom du Porte-bouteilles), et le voilà privé de sa composante verbale, intellectuelle, condamné à sombrer dans l’univers du « rétinien » honni par Duchamp. « C’est trop fort ! Ce damné Hérisson […] est devenu un grand souci. Il a commencé à devenir trop beau », constate Duchamp avec amertume (M. Duchamp, cité par Francis M. Naumann, op. cit., p. 261).
Didier Ottinger
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007