Sans titre
[1950]
Sans titre
[1950]
Domaine | Dessin |
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Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 33,3 x 25,5 cm |
Acquisition | Don de M. François Gromaire, 1989 |
N° d'inventaire | AM 1989-620 |
Informations détaillées
Artiste |
Marcel Gromaire
(1892, France - 1971, France) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | [1950] |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 33,3 x 25,5 cm |
Inscriptions | Au revers, tamponné au milieu : Gromaire/ Daté en haut à gauche au crayon (par son fils F. Gromaire) : Env. 1950 (FG) |
Acquisition | Don de M. François Gromaire, 1989 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1989-620 |
Analyse
Artisan d’un « grand art social », Gromaire est principalement connu pour ses peintures figuratives « héroïques », qui le rattachent à une vision expressionniste de la réalité. Cependant, la pratique du dessin, constante dans toute son œuvre, répond à une nécessité intime. C’est un repli fécond : « Je ne travaille jamais , dira-t-il, aussi bien que quand je suis en vacances, car jamais je ne puis aussi bien regarder. » Lorsqu’il n’est plus contraint par la recherche préparatoire d’un tableau, il se livre, de fait, à une représentation libre, dessinée d’une main rapide et légère, « sur le motif » – le corps féminin et la nature – dont il recherche, non plus tant l’expression de vérité, mais l’ordre secret, l’accord intime avec une sorte de mesure universelle.
En juin 1950, alors qu’il réalise son grand projet de décoration monumentale Abolition de l’esclavage , il écrit à son ami collectionneur et critique d’art Georges Besson qu’il « aspire à l’herbe » : d’où une suite de dessins à l’encre, qui, comme ceux de Bazaine, de Manessier ou de Tal Coat, à la charnière des années 1940 et 1950, tentent de dégager l’ordre géométrique du flux organique parcourant arbres et corps humains, la nature tout entière. Dans ces deux dessins à la plume, l’espace est envahi de tracés noirs de différentes densités, croisés, entremêlés (qui ne sont pas sans évoquer la technique de l’eau-forte, que Gromaire a apprise avec Jean-Émile Laboureur) : de cette sorte d’écriture griffée, presque régulière, surgit une image figurative (ici un arbre, là une barque), dont les lignes obéissent à la géométrie orthogonale d’une grille naturelle. Les rares zones de papier restées blanches laissent pénétrer ce que Waldemar George nomme « une lumière graphique » : strié, ponctué, hachuré par ce qui évoque le sertissage métallique des vitraux, le paysage ainsi obscurci est traversé d’un éclairage régulier, cette « lumière intérieure » propre à l’homme du Nord. Le lyrisme n’en est pas absent, qui jaillit maintenant de l’équilibre des masses, de la géométrie pure, de la cadence du rythme et des contrastes lumineux. Comme Baudelaire (dont il a illustré Petits Poèmes en Prose ), Gromaire parvient à donner une forme précise à ses visions intérieures.
Macha Daniel
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008