Antisculpture Tombeau d'Anton Webern
1951 - 1952
Antisculpture Tombeau d'Anton Webern
1951 - 1952
«Le contact avec une aciérie, un train de laminage! Quelle extraordinaire concurrence pour les sculpteurs ! Mais je ne suis pas un sculpteur; je trouve des formes préexistantes que je juge intéressantes et que je m'approprie pour en faire autre chose.» (Dewasne)
Domaine | Sculpture |
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Technique | Peinture à l'émail sur aluminium |
Dimensions | 151 x 123 x 92 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat à l'artiste, 1974 |
N° d'inventaire | AM 1975-3 |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Dewasne
(1921, France - 1999, France) |
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Titre principal | Antisculpture Tombeau d'Anton Webern |
Date de création | 1951 - 1952 |
Domaine | Sculpture |
Technique | Peinture à l'émail sur aluminium |
Dimensions | 151 x 123 x 92 cm |
Acquisition | Achat de l'Etat à l'artiste, 1974 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 1975-3 |
Analyse
Après des études de musique et de philosophie, Dewasne reçoit à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris une formation de sculpteur et d’architecte. S’engageant dans l’abstraction dès 1943, il participe après la guerre à la refondation du Salon des Réalités nouvelles. Le Tombeau d’Anton Webern … est sa première « antisculpture », du nom d’une série d’œuvres presque toutes constituées d’éléments de carrosserie automobile dont les reliefs sont niés par la peinture en aplat qui les recouvre : « En 1951, j’ai trouvé un arrière de voiture de course d’avant-guerre dont la forme m’a intéressé. J’en ai scié la base, je l’ai mis debout et je me suis aperçu que je pouvais peindre l’intérieur et l’extérieur en même temps. » L’artiste met cette indétermination spatiale en rapport avec la topologie courbe et les nouvelles géométries non-euclidiennes du début du xx e siècle : « Ce n’est pas une sculpture : c’est une peinture qui, au lieu d’être sur un plan, est sur une surface creusée ou bombée. » Il voyait aussi dans cette nouvelle spatialité un équivalent des recherches de l’avant-garde musicale, d’où la dédicace à Webern – qui rappelle aussi la double formation reçue par l’artiste. Ces œuvres naissent également d’une fascination pour les produits de l’industrie qui prolonge l’enthousiasme d’un Fernand Léger avant guerre. On en retrouve l’écho dans les termes de Dewasne : « Le contact avec une aciérie, un train de laminage ! Quelle extraordinaire concurrence pour les sculpteurs ! Mais je ne suis pas un sculpteur ; je trouve des formes préexistantes que je juge intéressantes, variées et que je m’approprie pour en faire autre chose. » Cette démarche annonce celles du pop art et du Nouveau Réalisme, anticipées également par l’esthétique polychrome, libre et joyeuse qui caractérise cet objet trouvé. Dewasne fait ainsi coexister deux traditions souvent perçues dans leurs différences, celles du readymade et de la peinture abstraite.
Arnauld Pierre
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007