Exposition / Musée
Marc Chagall
Œuvres reçues en dation
30 mars - 5 juin 1988
L'événement est terminé
Un ensemble exceptionnel, reçu par l’Etat en règlement des droits de succession, vient enrichir magistralement la collection des œuvres de Marc Chagall déjà présentes dans les musées nationaux : quarante-six peintures, cent cinquante gouaches, deux cent vingt-neuf dessins, vingt-sept maquettes de décors et de costumes d’opéra, onze livres illustrés. En acceptant cette dation, l’Etat permet la représentation complète d’une œuvre unique dans son siècle, menée en marge des différentes avant-gardes et toujours sous-tendue par une nécessité poétique et mystique qui en constitue la profonde singularité. Un ensemble qui marque toutes les étapes de la vie du peintre, qui livre aussi les multiples intérêts de l’artiste.
L’œuvre peinte révèle ainsi les années d’apprentissage à Saint-Pétersbourg, des œuvres de 1908 et 1909, comme l’Autoportrait, le Mort, ou la Sainte Famille, quasi monochromes. La découverte de Paris, vers 1910, celle de Van Gogh, avec l’éclatement des couleurs – la Révolte, l’Atelier – mais aussi la nostalgie des paysages de Vitebsk – le Père, la Grande Noce. 1914, c’est le retour en Russie, un espoir, vite déçu – le Salut, l’Autoportrait en vert, Bella au col blanc, œuvre que l’artiste gardera toujours auprès de lui. En 1923, Chagall revient en France. C’est l’époque des grandes toiles : la Corbeille de fleurs, la Révolution, les Mariès de la tour Eiffel, la Crucifixion en jaune, le Passage de la Mer Rouge, les Toits rouges…
En 1919-1920, Marc Chagall exécute une série de vingt-sept maquettes de costumes et de décors pour le théâtre d’art juif, et, entre autres, pour la présentation du Revizor de Gogol. Documents uniques au dessin géométrique, à l’invention formelle, dans lesquels éclatent à la fois l’humour, la plus grande liberté et un sens « révolutionnaire » de la mise en scène. Une conception de l’espace théâtral que l’on retrouvera dans les projets de décors et de costumes pour la Flûte enchantée, montée à New York en 1967.
Diversité de l’intérêt et confrontation avec un autre espace, celui du livre, dans deux projets pour Tériade : Daphnis et Chloé (1952-54) et l’Exode (1966). Marc Chagall ou l’incessante curiosité.
La dation retient deux cent vingt-neuf dessins de 1910 jusqu’aux années 60, […] des dessins préparatoires pour les grandes toiles, mais aussi des autoportraits. [ …] Il s’agit là d’un fonds d’étude d’une portée historique essentielle tant ces dessins, croquis d’un temps révolu, content la vie, le village, la famille. Ils sont aussi l’esprit d’une morale, d’une foi, d’un engagement et, au-delà, celui d’un peuple. Des dessins qui sont, comme l’écrivait Pierre Provoyeur, « la mémoire de tous les tableaux auxquels ils renvoient sans en être les redites ou les paraphrases ».
D’après Philippe Bidaine, CNAC magazine, n°45, 15 mai-15 juillet 1988.
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