Trousse d'un Da
[1920 - 1921]
Trousse d'un Da
[1920 - 1921]
Composée à partir d'objets trouvés, cette œuvre témoigne d'une esthétique du rebut, atypique chez Arp.
Témoin de l'humour et de l'esprit de bricolage propre à Dada, ce relief composé d'éléments de bois flotté et partiellement peint est laissé à l'état brut, pour souligner l'importance du jeu et de l'élément naturel. Cette dimension poétique liée à la nature est renforcée par le séjour que passe l'artiste à l'été 1920 sur l'île de Sylt en Allemagne avec Sophie Taeuber et Kurt Schwitters. Cette trousse de survie parodique fait aussi écho à certaines réalisations de Max Ernst, issues d'une technique de l'assemblage typiquement dada, créant un objet inutile et beau dans son économie.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Assemblage |
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Technique | Bois flotté cloué sur bois et rehauts de peinture |
Dimensions | 38,7 x 27 x 4,5 cm |
Acquisition | Don de M. et Mme Christophe Tzara, 1989 |
N° d'inventaire | AM 1989-195 |
Informations détaillées
Artiste |
Jean Arp (Hans Arp, dit)
(1886, Allemagne - 1966, Suisse) |
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Titre principal | Trousse d'un Da |
Titre attribué | Bündel eines Da |
Date de création | [1920 - 1921] |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Assemblage |
Technique | Bois flotté cloué sur bois et rehauts de peinture |
Dimensions | 38,7 x 27 x 4,5 cm |
Acquisition | Don de M. et Mme Christophe Tzara, 1989 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1989-195 |
Analyse
En 1920, Jean Arp entre en contact avec Kurt Schwitters qui, à Hanovre, sous la bannière de Merz , a repris en main le flambeau de Dada. Accompagnés de Sophie Taeuber, Jean Arp et Kurt Schwitters passent ensemble l’été de 1920 sur l’île de Sylt. Arp collecte sur la plage les éléments de bois flotté qui lui servent à assembler sa Trousse d’un Da (cat. rais. n° 32), ainsi que La Trousse des naufragés (Strasbourg, MAMC).
Ces œuvres sont atypiques au sein de la production de Arp, fidèle, avant et après l’intermède de l’île de Sylt, aux assemblages de bois découpé. Elles renvoient à une esthétique du rebut, qui fait écho aux œuvres du même type que Max Ernst réalise en 1919, année durant laquelle Jean Arp quitte Zurich pour Cologne, où il lance avec Ernst et Johannes Baargeld une version allemande de Dada. Dans les premières expositions de ce Dada rhénan, Max Ernst présente des assemblages (reproduits un peu plus tard dans Bulletin D ) qui sont décrits par une presse irritée comme des « sculptures nouées avec de vieilles bobines de fil, du fil de fer, des restes de coton, des membres de poupées, des mécanismes de montres et tout ce qu’on peut trouver dans les cabinets de débarras » (Rheinisch-Westfälische Zeitung , 3 février 1920 ; cité par Werner Spies, Max Ernst : Les collages, inventaires et contradictions , Paris, Gallimard, 1984, p. 38). La Trousse d’un Da , qui fut révélée en 1936 dans l’exposition « Fantastic Art, Dada and Surrealism » (New York, MoMA), fait écho à ces constructions de Ernst. Elle s’apparente également aux collages Merz de Schwitters, composés à partir de modestes vestiges urbains (tickets de bus usagés, tracts…).
La complicité de Arp et de Schwitters se renforce en 1923 ; elle conduit à la publication d’un album de lithographies de Arp (7 Arpaden , Hanovre, Merz-Verlag, 1923) et au projet d’un roman à deux mains, Franz Müllers Drahtfrühling , qui restera inachevé. À l’occasion d’un nouveau séjour en commun sur l’île de Sylt, Schwitters réinterprète la Trousse d’un Da , en réalisant plusieurs œuvres assemblant des éléments de bois flotté (Die breite Schnurchel [1924] ; Ohne Titel (HolzKonstruktion) , 1923-1926 ; et Kathedral , 1923-1926).
Didier Ottinger
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007