Composition
1918
Composition
1918
Domaine | Dessin |
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Technique | Aquarelle sur papier |
Dimensions | 24,5 x 29,5 cm |
Acquisition | Dation, 1997 |
N° d'inventaire | AM 1997-237 |
Informations détaillées
Artiste |
Fernand Léger
(1881, France - 1955, France) |
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Titre principal | Composition |
Date de création | 1918 |
Domaine | Dessin |
Technique | Aquarelle sur papier |
Dimensions | 24,5 x 29,5 cm |
Inscriptions | MO.D.B.DR. : FL 18 |
Acquisition | Dation, 1997 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1997-237 |
Analyse
Composition (1918) est à mettre en rapport avec une toile intitulée L’Horloge et datée de mars 1918 (Bâle, Fondation Beyeler). Elle fait partie d’une série de petites natures mortes vivement colorées entreprise par Léger après sa démobilisation fin 1917, en guise de retour à la peinture en même temps qu’à la vie civile (au front, il n’avait pu se livrer qu’au dessin au crayon, dont le Musée possède une belle suite de 28 croquis, purs jeux de contrastes de formes). Ces natures mortes ont pour thèmes les objets qui l’entourent (pot à tisane, poêle, pipe…), et fonctionnent comme des dispositifs mécaniques joueurs, Léger puisant à son gré des éléments dans son répertoire, son « Meccano » de formes géométriques, pour les remonter avec la plus grande fantaisie. La version peinte est deux fois plus grande que l’aquarelle qui la prépare, et chacun des éléments du motif y est arbitrairement compliqué, rehaussé décorativement de signes divers (taches, points, lettres), si bien que la surface entière de la toile s’en trouve recouverte et animée. Alors que l’aquarelle laisse jouer le blanc du papier et offre une surface plus lisible, plus calme et plus subtilement colorée : ainsi, le segment de disque noir, au centre, est bien présent dans la peinture, mais agrémenté de logos rouges, qui transforment sa géométrie ; ou bien, l’horloge (de rue) qui donne son titre à la composition, discrètement présente en haut de l’aquarelle, est plus vigoureusement qualifiée, avec ses chiffres et une heure factice, dans la toile. Toutefois, comme toujours chez Léger, la mise en place des divers éléments est respectée dans l’ensemble et dans le détail, le montage comme le cadrage sont identiques. Et le dispositif du passage à la peinture est prêt à fonctionner.
Le cas de la version « papier », colorée à la gouache, des Disques dans la ville (1920) est différent : de même dimension que la version sur toile (MNAM, donation Louise et Michel Leiris), elle en constituerait le carton, plus que l’esquisse – si toutefois elle précède bien le tableau, ce qui n’est pas absolument certain. Certes, les couleurs diffèrent (paradoxalement, elles apparaissent plus pâles dans la toile, notamment le jaune très présent), et aussi quelques détails. Mais l’impact du motif, sa présence dans l’espace, sa mise en mouvement par la couleur sont exactement de même nature, ce qui ne laisse pas d’être troublant. Il s’agit en définitive du montage des deux thèmes – les disques, puis la ville – qui préoccupent Léger principalement en 1918 (Les Disques, MAMVP) et 1919 (La Ville, Philadelphia Museum of Art). Aussi vives qu’au temps des « contrastes de formes », les couleurs remplissent exactement des compartiments soigneusement imbriqués les uns dans les autres. La construction générale ne laisse rien au hasard. Un rectangle partagé en trois zones : au centre et en avant, les disques ; de part et d’autre, en fond, un paysage urbain. Au centre donc, l’engrenage des disques concentriques (motif partagé entre autres avec les Delaunay, et avec Duchamp), qui renvoie à une réalité d’ordre purement plastique, à un rythme de formes simples qui s’entrechoquent et s’entraînent. De chaque côté, les poutrelles métalliques, les signaux colorés, les lettrages publicitaires, les façades répétitives qui composent le paysage urbain moderne, que Léger est l’un des premiers à percevoir et à révéler comme un réservoir de motifs nouveaux. Le dynamisme des disques fait tourner le paysage plat de la ville, il l’électrise et accentue le caractère futuriste de la vision urbaine de Léger, annonçant sa découverte fascinée de New York au début des années 1930.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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