Les Piques
1992 - 1993
Les Piques
1992 - 1993
Avec Les Piques, Messager affirme avec force la conscience de l'artiste, nécessaire « témoin de son temps ».
L'univers enfantin et cauchemardesque d'Annette Messager sous-tend une réflexion sur l'identité féminine et la place de l'artiste dans la société. Elle repeint des images empruntées à la tragique actualité mondiale, qui côtoient des créatures hybrides empalées, faisant écho à la période révolutionnaire de la Terreur. L'artiste explore la face noire de l'humanité, en mêlant indistinctement victimes et bourreaux, réalité et fiction, corps individuel et grande Histoire.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation |
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Technique | Acier, crayon de couleur et pastel sur papier, verre, tissu, bas nylon, ficelle, peluches |
Dimensions | 250 x 800 x 425 cm |
Acquisition | Achat, 1994 |
N° d'inventaire | AM 1994-85 |
En salle :
Musée - Niveau 4 - Salle 18 : Annette Messager
Informations détaillées
Artiste |
Annette Messager
(1943, France) |
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Titre principal | Les Piques |
Date de création | 1992 - 1993 |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation |
Description | 130 piques de hauteur variable, 79 cadres, 78 éléments textiles : 1) Figurines polymorphes en chiffon (libres ou encloses dans des bas noirs & chair, une série empalée sur une pique) 2) Pastels encadrés sous verre (cartes geographiques, tanks, scènes de massacre, fragments de corps,"pieta" etc...), tissus divers, courroies, crayons de couleur hérissant des figurines, pastel sur papier (descriptif fait avec l'artiste, mars 1994) |
Technique | Acier, crayon de couleur et pastel sur papier, verre, tissu, bas nylon, ficelle, peluches |
Dimensions | 250 x 800 x 425 cm |
Acquisition | Achat, 1994 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 1994-85 |
Analyse
Complexe et violente, cette installation témoigne d’une nouvelle inflexion qui se fait jour dans le travail de l’artiste au début des années 1990. Si le corps reste le motif principal, si la référence à l’ex-voto demeure perceptible, de nouvelles sources iconographiques font affleurer parmi les motifs récurrents de son vocabulaire l’épaisseur de l’histoire et les stridences de l’actualité. Cette œuvre, dont la première mouture était intitulée Révolution , fait directement écho à la période de la Terreur, avec ses images frappantes, ses cortèges d’exécutions et ses têtes embrochées promenées dans les rues. Pour la première fois, Annette Messager crayonne ou repeint des images empruntées à l’actualité du monde : corps dépecés, scènes d’attentats, de catastrophes ou de manifestations, cartes géographiques de territoires sinistrés. Sur les tiges sont aussi empalées des créatures hybrides, reliquats dérisoires et parfois comiques d’une humanité en lambeaux, ou masques inquiétants évoquant les sociétés secrètes. La densité des tiges et des images renvoie à la masse anonyme des immolateurs, comme la densité de Mes Vœux renvoyait à la masse des implorants. Avec cette installation dramatique aux accents apocalyptiques, l’artiste explore la face noire de l’homme en mêlant indistinctement les victimes et les bourreaux, la réalité et la fiction, le théâtre et l’actualité. Le corps individuel percute ainsi l’incarnation de l’histoire, cette expérience collective dont les errements recoupent ceux des destins singuliers.
Catherine Grenier
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007