Mur-miroir
1979
Mur-miroir
1979
Conçues comme des habitats que l'on peut visiter «en imagination», les Demeures d'Étienne-Martin se réfèrent toutes à la maison de son enfance.
Issue d'un tronc coupé en deux puis creusé d'alvéoles, l'œuvre Mur-miroir est constituée d'une terrasse d'où l'on peut contempler le ciel, et, à l'opposé, d'un espace ancré dans la terre, abritant le foyer. Élaborée selon un système ésotérique de correspondances, la sculpture est séparée en son centre par un « bouclier » de caoutchouc, qui figure le mur séparant en deux parties la maison originelle, le « miroir » que chacun porte en soi ou encore la partition entre l'humain et le divin.
| Domaine | Sculpture |
|---|---|
| Technique | Bois de châtaignier peint et caoutchouc |
| Dimensions | 131 x 200 x 150 cm |
| Acquisition | Achat, 1982 |
| N° d'inventaire | AM 1982-8 |
Informations détaillées
| Artiste |
Etienne-Martin
(1913, France - 1995, France) |
|---|---|
| Titre principal | Mur-miroir |
| Autre titre | Demeure 15 |
| Date de création | 1979 |
| Domaine | Sculpture |
| Technique | Bois de châtaignier peint et caoutchouc |
| Dimensions | 131 x 200 x 150 cm |
| Acquisition | Achat, 1982 |
| Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
| N° d'inventaire | AM 1982-8 |
Analyse
Provenant du même châtaignier que le compact Fil du temps daté de 1978, le Mur-Miroir (la quinzième Demeure) fut extrait un an plus tard de l’énorme tronc déjà coupé en deux. Étienne-Martin profite de ces deux éléments pour jouer sur l’opposition du dedans – le moi interne intangible – et du dehors – le monde externe tangible. Dans cette demeure creusée d’alvéoles, « je procède sur ces choses-là un peu comme un sorcier sur une poupée de cire, […] je troue les endroits essentiels pour moi » (entretiens avec Jean-Marie Drot, France Culture, mai 1979 ; cités in cat. exp., Paris, 1984, op. cit. , p. 80-81). Il taille « une terrasse qui regardait l’air, qui regardait le ciel » et, à son opposé, les fondations de la maison, « une terrasse qui regardait la terre » (ibid.), le royaume souterrain, le feu central nourricier. De même que dans la Demeure 10 (1968) et plus tard dans les Terrasses de la Terre et de l’Air (1973/1983-1984), sur chaque terrasse, Étienne-Martin a placé un visage, et dans chaque partie interne, des mains, comme déjà en 1943 dans la Vierge au sable , puis dans les Nuits . La partie essentielle de cette sculpture est, pour Étienne-Martin, le « bouclier » central, image du mur qui sépare la double maison de son enfance, mais aussi de « ce mur que l’on a en nous, que j’appelle également miroir, parce que dans le fond, on s’y reflète et il nous arrête ». Cette notion de rupture entre l’homme et le divin est une résurgence de l’enseignement prodigué par Gurdjieff à Étienne-Martin, de 1947 à 1957.
D’abord réalisé en plâtre pour être fondu en métal, ce bouclier est ici exécuté en caoutchouc, dont Étienne-Martin appréciait la couleur sombre et la matière facile à tailler. Hérissé de bosses, le bouclier constitue l’élément mâle inséré entre les deux parties femelles, de façon à ce que le regard ne voie pas directement les formes mais qu’elles lui soient suggérées. Cette demeure est, pour Étienne-Martin, « complètement traversée par une force qui est l’énergie essentielle de l’homme, le rayon de vie signifié […] par un axe, une espèce de poutre » (A. Grynpas-Nguyen, « Étienne-Martin, cinq entretiens », France Culture, 9-13 août 1982 ; cités in cat. exp., Paris, 1984, op. cit. , p. 84) qui la pénètre de part en part. Enfin, avec l’introduction de la couleur, Étienne-Martin insiste sur la signification de « labyrinthe » cosmique de l’œuvre, évoquant la maison de son enfance : le bleu, maison du nord, terrasse qui ouvre sur l’extérieur, le ciel. Le rouge, couleur de la naissance, de la vie. Le vert, couleur des forces naturelles, la terrasse de la terre.
Nadine Pouillon
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007
Événements
Bibliographie
"Enrichissement des collections : 1981-1984", in Cahiers du Musée national d''art moderne [revue], n° 13, Paris, éd. Centre Pompidou, juillet 1984 (cit. et reprod. p.118) . N° issn 0181-1525
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Tio Bellido (Ramon).- "Collection/Exposition", in Cahiers du Musée national d''art moderne, 1986, n°17/18 (reprod. p.151) . N° issn 0181-1525-18
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Szeemann (Harald), Le Buhan (Dominique), Ragon (Michel), Ammann (Jean-Christophe).- Etienne-Martin.- Paris, Adam Biro, 1991 (cit. p.13, 81, 101, 121, 217, 219, repr. coul. en couverture et p. 165) . N° isbn 2-87660-128-1
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Etienne-Martin : sculptures avec dessins : Centre d''art de Tanlay, Château de Tanlay (Yonne), 1er juin-30 septembre 2001.- Perrigny, Centre d''art de Tanlay, 2001 (cit. p. 9, 10, 36 et reprod. coul. p. 22 (reprod. sur couverture)) . N° isbn 2-912997-03-8
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Collection Art Moderne :[Catalogue de] La collection du Centre Pompidou/Musée national d''art moderne. - Paris : Editions du Centre Pompidou, 2006 (sous la dir. de Brigitte Leal) (cit. pp. 230-231, reprod. coul. p. 231) . N° isbn 978-2-84426-317-9
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Etienne-Martin : Collection du Centre Pompidou-Musée national d''art moderne. - Paris, éd. du Centre Pompidou, 2010 (sous la dir. de Jean-Paul Ameline) (cit. p. 102 et reprod. coul. p. 21, 103, 105, reprod.. p. 104 (dans l''atelier)) . N° isbn 978-2-84426-446-6
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L''atelier d''Etienne-Martin : Lyon, Musée des beaux-arts de Lyon, 22 octobre 2011-23 janvier 2012. - Paris, Hazan, 2011 (cat. n°65 repr. coul. p. 120, cit. p. 32) . N° isbn 9782754105934
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