Jardin gobe-avions
1935
Jardin gobe-avions
1935
« Des jardins voraces, dévorés à leur tour par une végétation qui surgit des débris d'avions piégés.» (Ernst)
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 54 x 74 cm |
Acquisition | Dation, 1982 |
N° d'inventaire | AM 1982-188 |
Informations détaillées
Artiste |
Max Ernst
(1891, Allemagne - 1976, France) |
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Titre principal | Jardin gobe-avions |
Date de création | 1935 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 54 x 74 cm |
Inscriptions | S.D.B.DR. : max ernst 35 |
Acquisition | Dation, 1982 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1982-188 |
Analyse
En 1935, dans ses notes autobiographiques, Max Ernst évoque les « jardins voraces, dévorés à leur tour par une végétation qui surgit des débris d’avions piégés ». Cette image d’un jardin nourricier, à son tour « dévoré », témoigne de l’ambivalence du regard que porte Ernst sur une nature, pour lui à la fois protectrice et pleine de menaces. Il s’est longtemps passionné pour les végétaux capables d’attirer les insectes, puis de les capturer. Cette collusion de la mort et de la séduction, il la trouve encore incarnée par les mantes religieuses qui fascinent les surréalistes et lui inspirent peintures et dessins (Fêtes de la faim, 1935, Houston, The Menil Collection).
Le sentiment de menace qui, au milieu des années 1930, plane sur ses œuvres ne saurait être isolé d’un contexte politique européen caractérisé par l’essor des fascismes. L’année même des « Jardins gobe-avions », dont la version du Musée (cat. rais. III, n o 2188) est, avec celle de la Collection Guggenheim de Venise, la plus aboutie du cycle, apparaissent les « Barbares marchant vers l’Ouest ». Leur pouvoir de corruption des valeurs est tel qu’ils transforment les jardins édéniques, les vergers – parcourus par Ernst durant son enfance dans son village de Brühl –, en un piège qui se referme sur son double : l’oiseau. Après avoir peint ses « Jardins gobe-avions », il imaginera la figure la plus terrifiante de ce retournement : L’Ange du foyer (1937), menace jaillie du cœur même de ce qui apparaissait comme l’asile le plus familier. Parmi les ouvrages savants dont aimait à s’inspirer Max Ernst, figure un exemplaire de L’Aviceptologie française. Traité de toutes les ruses dont on peut se servir pour prendre les oiseaux (1820). Comme les jardins carnivores de Max Ernst, la nature allemande, jadis berceau du grand panthéisme romantique, est transformée par les idéologues nazis en un lieu d’exclusion, une terre de barbarie.
Didier Ottinger
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007