Untitled (Reagan lays a golden egg!)
1991
Untitled (Reagan lays a golden egg!)
1991
Domaine | Dessin |
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Technique | Encre de Chine, lavis et encre rouge sur papier coloré |
Dimensions | 55,7 x 44,4 cm |
Acquisition | Achat, 2002 |
N° d'inventaire | AM 2002-167 |
Informations détaillées
Artiste |
Raymond Pettibon
(1957, États-Unis) |
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Titre principal | Untitled (Reagan lays a golden egg!) |
Date de création | 1991 |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine, lavis et encre rouge sur papier coloré |
Dimensions | 55,7 x 44,4 cm |
Inscriptions | S.D. au R.H.M : Raymond/Pettibon 91 |
Notes | Numéro de la galerie : 784 |
Acquisition | Achat, 2002 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2002-167 |
Analyse
À peu de chose près, tout l’œuvre de Raymond Pettibon relève de la catégorie du dessin et, en accord avec ce que les Grecs rangeaient au registre du graphique , l’écriture et la représentation figurée y sont étroitement mêlées. Dessinateur des plus prolifiques, Pettibon commence d’attirer l’attention du monde de l’art vers la fin des années 1980, sa réputation se limitant jusque-là à la scène punk de Los Angeles et des environs, dont Black Flag, groupe de rock fondé par son frère et avec lequel il se trouve régulièrement associé, est l’un des fers de lance. C’est à travers les fanzines qu’il produit lui-même (livrets sur papier bon marché de quelques pages, agrafés à la main et tirés à quelques dizaines d’exemplaires) que cet autodidacte – très cultivé – diffuse alors principalement ses dessins, dont la manière emprunte pour une part à la bande dessinée. Le roman noir, les comic books , les films d’horreur, les personnages de la contre-culture californienne ou de la culture populaire américaine en général (télévision, quotidiens, magazines), mais aussi bien la Bible, Laurence Sterne ou Henry James – car Pettibon est un lecteur insatiable de toute chose imprimée – s’y croisent comme en une chambre d’écho où s’égrène ad libitum une manière de monologue intérieur empruntant mille voix différentes, tissé d’aphorismes abrupts et plus ou moins cryptiques, d’incessants coq-à-l’âne et de citations non attribuées.
Les deux dessins à l’encre tirés de l’ensemble de six feuilles présent au sein de la collection du Musée ne sont pas sans un certain lyrisme dans leur évocation de l’Amérique de la déglingue contemporaine : le dessin de 1991 rumine ainsi autour de la figure de Ronald Reagan ; celui de 2001 suggère une scène de séduction plutôt louche, dont l’un des protagonistes serait un dessinateur. Mais rien n’est sûr dans ce théâtre de papier.
Jean-Pierre Criqui
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Analyse
Fondée entièrement sur la pratique du dessin, dans un esprit proche de celui de la bande dessinée underground américaine des années 1960 et 1970, l’œuvre de Raymond Pettibon est également l’une des plus cultivées de l’art de ces dernières décennies. Depuis 1978, date à laquelle il dessine une pochette de disque pour le groupe punk californien Black Flag (dans lequel jouait son frère aîné), Pettibon n’a cessé de lancer de par le monde des milliers de feuilles qui composent une sorte de Comédie humaine où se croisent toutes les figures – célèbres ou inconnues, nobles ou infâmes, réelles ou imaginaires – de l’Amérique contemporaine, terre d’élection de la déglingue. Dans l’un des dessins reproduits ici, Ronald Reagan est représenté absorbé dans un monologue intérieur délirant, où les effets de l’alcool le disputent à diverses pulsions sanguinaires. Dans un autre, un Christ en croix au visage tératogène, surplombe une déclaration inassignable : « Ce n’est pas moi qui l’ai fait. C’est lui. » Cauchemar graphique généralisé, et sans issue, mais dont les textes, parfois fort abondants, peuvent emprunter aussi bien à John Ruskin qu’à Henry James, à la Bible qu’à quelque roman noir oublié ou quelque prospectus ramassé la veille dans la rue. Insistant sur le lien indissociable chez lui entre les images et les mots, Pettibon, qui se considère comme un artiste « lyrique », héritier de la sensibilité moderne en ce qu’elle est « le produit de la personnalité multiple et de la personnalité divisée », résume ainsi superbement son entreprise : « Je cherche l’esprit de l’invention. »
Jean-Pierre Criqui
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
De la/du même artiste
Bibliographie
Voir la notice sur le portail de la Bibliothèque Kandinsky
Electric Fields : Surrealism and Beyond - La Collection du Centre Pompidou : Shanghai, Power Station of Art, 2012 (Cit. p. 166, reprod. coul. p. 167) . N° isbn 978-7-5321-4740-3
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