Buste de femme
[juin 1907 - juillet 1907]
Buste de femme
[juin 1907 - juillet 1907]
Cette étude préparatoire synthétise à elle seule les différentes sources qui mèneront Picasso au cubisme.
En 1907, Pablo Picasso peint Les Demoiselles d'Avignon (New York, Museum of Modern Art) dont la radicalité formelle laisse son entourage perplexe. Pour cette peinture, il a multiplié les études peintes ou dessinées dans lesquelles il radicalise son langage formel. Dans celle-ci, le traitement du vêtement en larges volumes saillants trahit l'héritage cézannien, tandis que le visage de cette femme, réduit à un masque ovale au "nez en quart de Brie", témoigne de l'influence de l'art ibérique et des masques africains découverts au musée d'ethnographie du Trocadéro à Paris.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 66 x 59 cm |
Acquisition | Achat, 1965 |
N° d'inventaire | AM 4320 P |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 8 : Georges Braque et Pablo Picasso : le cubisme (1907-1914)
Informations détaillées
Artiste |
Pablo Picasso
(1881, Espagne - 1973, France) |
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Titre principal | Buste de femme |
Titre attribué | Etude pour Les Demoiselles d'Avignon |
Date de création | [juin 1907 - juillet 1907] |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 66 x 59 cm |
Inscriptions | S.H.G. : Picasso |
Acquisition | Achat, 1965 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 4320 P |
Analyse
Cette toile (cat. rais. 1, II*, 23 ; cat. rais. 3, n o 38) s’inscrit dans le très important corpus d’œuvres (au moins 16 carnets et quelque 70 peintures, gouaches ou dessins ont été répertoriés par Hélène Seckel dans le remarquable catalogue-dossier publié en 1988) lié à l’élaboration des Demoiselles d’Avignon , entre mars et juillet 1907. Cependant, Buste de femme – comme toute une série de bustes comparables (voir cat. rais. 3, n os 28, 34, 35, 37) – ne correspondrait précisément à aucune étape du travail, qu’il s’agisse de la partie centrale du tableau (figures reliées à la fois à la période rose et à l’influence prégnante de l’art ibérique) ou de sa partie droite (figures aux masques striés, presque directement transposés de la sculpture africaine). Cette version, datée par H. Seckel de juin-juillet 1907, est encore cézannienne par le bas si elle apparaît violemment « africaine » par le haut : un masque ovale crayeux, aux ombres nettes et comme scarifiées, semble plaqué sur une figure aux volumes plus conventionnels. À noter aussi la distorsion entre l’oreille vue de profil, et l’œil en forme d’amande noire, présenté de face, alors que le nez, long et pointu, s’avance tel un triangle découpé à l’emporte-pièce, couvert de stries rouges et bleues. Ces ruptures de formes et de couleurs s’affirment audacieusement dans cette petite toile, qui ressemble à la « demoiselle » placée le plus à droite, mais n’en a tout de même pas la radicalité agressive : le fard noir qui semble cerner les yeux confère à cette tête un caractère voluptueusement canaille, non sans séduction.
Isabelle Monod-Fontaine
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007