Grau (349) (Gris)
1973
Grau (349)
(Gris)
1973
Œuvre réflexive, Grau (349) témoigne à la fois de la difficulté de l'artiste à peindre et de sa foi en la peinture.
Commencée en 1967, la série des Graue Bilder resurgit de manière sporadique tout au long de la carrière de Gerhard Richter. Réalisé suivant des procédés semi-automatiques, Grau (349) porte les traces de rouleaux, éponges et gouttes de peinture qui le distinguent des 130 autres monochromes gris. « Ni visible, ni invisible », le gris oppose sa non-couleur et sa mélancolie au caractère mystique du bleu d'Yves Klein. Tel un écran opaque, cette peinture incarne une volonté de « ne rien représenter du tout » sinon elle-même.
Domaine | Peinture |
---|---|
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 300,5 x 251 cm |
Acquisition | Achat, 1984 |
N° d'inventaire | AM 1984-277 |
En salle :
Musée - Niveau 4 - Salle 16bis
Informations détaillées
Artiste |
Gerhard Richter
(1932, Allemagne) |
---|---|
Titre principal | Grau (349) (Gris) |
Titre de la série | Grau Bilder |
Date de création | 1973 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 300,5 x 251 cm |
Inscriptions | S.D.N.R. au centre : Richter / 1973 // N°349 |
Acquisition | Achat, 1984 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 1984-277 |
Analyse
Considérant certaines photographies d’amateurs comme « meilleures que les meilleurs Cézanne », Gerhard Richter s’empare d’elles au moment où, installé à Düsseldorf après avoir quitté la Kunstakademie de Dresde, en 1961, il cherche à se débarrasser de ses modèles pour « faire quelque chose qui n’ait rien de commun avec l’art ». Traitant ces clichés d’amateurs ou de reporters moyens en « pures images », comme des « readymades », il les projette à l’aide d’un épiscope pour en faire des « Fotovermalungen » [« Photo-peintures »], son objectif étant non pas d’« imiter des photos » mais de « faire des photos » avec les moyens de la peinture. « Détestant la subjectivité » et convaincu que les tableaux « doivent être construits selon des normes », il récuse la notion de style personnel, ce qui l’amène, à partir de 1966 – date à laquelle il délaisse les images trouvées pour peindre d’après des photographies prises par lui-même – , à changer cycliquement de méthode et à passer d’un motif à l’autre, d’une série à l’autre, de la manière la plus discontinue qui soit. La série des « Graue Bilder » [« Tableaux gris »], commencée à partir de 1967, resurgit de manière sporadique tout au long de la carrière de Gerhard Richter. Réalisé suivant des procédés semi-automatiques, Grau , 1973 (349), porte la trace de rouleaux, éponges et gouttes de peinture qui, malgré une apparente similitude, le distingue des 130 autres Grau . « Ni visible, ni invisible », le gris oppose son achromie et sa capacité à « visualiser le néant » à la portée mystique du bleu d’Yves Klein (l’IKB). Tel un écran opaque, et synthétisant les couleurs de la photographie noir et blanc, Grau incarne une volonté de « ne rien représenter du tout » sinon lui-même, tirant de sa propre « insignifiance » la propriété de communiquer.
Juliette Singer
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007