Chinon (645)
1987
Chinon (645)
1987
« Mes paysages ne sont pas uniquement beaux, nostalgiques, romantiques ou classiques dans leur âme, tels des paradis perdus, ils sont surtout trompeurs.» (Richter)
Si le titre n'indiquait pas le lieu, Chinon - réputé pour son vignoble - il serait difficile de localiser ce paysage banal de plaine. L'aspect classique du tableau est tempéré par le traitement pictural :
les contours estompés créent un effet de distanciation. Cela confère à I'œuvre son atemporalité, cruciale pour Gerhard Richter. Ses paysages posent la question de la représentation et interrogent notre rapport à la réalité que nous« transfigurons» en la regardant, sans pouvoir réellement l'atteindre.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 200 x 320 cm |
Acquisition | Achat, 1988 |
N° d'inventaire | AM 1988-593 |
Informations détaillées
Artiste |
Gerhard Richter
(1932, Allemagne) |
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Titre principal | Chinon (645) |
Date de création | 1987 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 200 x 320 cm |
Inscriptions | S.D.B.DR. et N.G. au revers sur la toile : Richter / 1987 // |
Acquisition | Achat, 1988 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 1988-593 |
Analyse
Si le titre n’indiquait le lieu, Chinon, il serait difficile de localiser ce paysage de plaine, pour ainsi dire sans qualité. Gerhard Richter a réalisé deux versions de ce tableau, dans lesquelles il déplace légèrement son point de vue, oblitérant dans les deux cas les centrales atomiques auxquelles cette petite ville d’Indre-et-Loire est parfois associée. Le ciel gris, très présent, occupe la partie supérieure du tableau, séparé de la plaine par une ligne d’horizon fondue en subtils dégradés. À droite, un chemin s’inscrit dans une ligne de fuite soulignant la profondeur de champ. L’aspect classique de ce tableau aux tonalités délicates est tempéré par l’effet de distanciation induit par le traitement pictural, tous les contours étant estompés, l’image apparaissant comme à travers le prisme d’un écran nébuleux. De là naît la qualité « actuelle et subversive » d’atemporalité que l’artiste voit en ses tableaux, précisant en 1986 : « Mes paysages ne sont pas uniquement beaux, nostalgiques, romantiques ou classiques dans leur âme, tels des paradis perdus, ils sont surtout trompeurs ». Véritables « Kuckuckseier » [cadeaux empoisonnés], ces paysages posent la question de la représentation et de notre rapport à cette réalité que nous « transfigurons » en la regardant, sans pouvoir réellement l’atteindre.
Juliette Singer
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007