Carré noir
[1923 - 1930]
Carré noir
[1923 - 1930]
Pour Malévitch, le carré devient l'unité première d'un nouveau système pictural qui libère la peinture de son poids figuratif.
Le motif du carré noir apparaît pour la première fois dans I'œuvre de Kasimir Malévitch en 1913 avec ses décors et costumes pour opéra cuba-futuriste de Mikhaïl Matiouchine, La Victoire sur le soleil. Il s'agit pour l'artiste de créer un signe absolu, la traduction d'un espace cosmique infini, un " zéro des formes ". L'artiste reprend ici en relief le motif iconique du carré noir légèrement décalé sur fond blanc, produisant un effet de profondeur.
Domaine | Objet |
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Technique | Huile sur plâtre |
Dimensions | 36,7 x 36,7 x 9,2 cm |
Acquisition | Don de anonyme, 1978 |
N° d'inventaire | AM 1978-631 |
Informations détaillées
Artiste |
Kasimir Malévitch
(1879, Empire Russe - 1935, URSS) |
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Titre principal | Carré noir |
Date de création | [1923 - 1930] |
Domaine | Objet |
Technique | Huile sur plâtre |
Dimensions | 36,7 x 36,7 x 9,2 cm |
Acquisition | Don de anonyme, 1978 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1978-631 |
Analyse
Cette version volumétrique, peinte sur un parallélépipède de plâtre creux, du célèbre Carré noir est arrivée brisée au Musée, comme les « architectones ». D’après les recherches menées par Andréi Nakov, il pourrait s’agir d’un élément d’« architectone », réalisé fin 1925-début 1926 dans l’atelier de Malevitch. Sa taille l’éloigne des modèles architecturaux et des ornements suprématistes. S’agit-il d’un essai sur un nouveau support ? Faut-il la présenter à plat ou plutôt à la verticale ? Contrairement aux versions ultérieures plus rigides (celle de 1924 et celle, plus petite, peinte en 1929), ce carré tridimensionnel, par sa bordure blanche s’amincissant sur la gauche, est plus proche de la version originale de 1915 (Moscou, Tretyakov), que Malevitch expose alors sous le titre de Quadrangle . La forme apparaît pour la première fois dans les décors et les costumes créés pour l’opéra cubo-futuriste de Matiouchine, La Victoire sur le soleil , en 1913. Le choix de Malevitch, après deux ans de gestation, d’accrocher le premier Carré noir peint, telle une icône dans une maison russe (ce que certains critiques de l’époque ont jugé blasphématoire), traduit son intention, à la fois solennelle et provocatrice de présenter un signe absolu, annonciateur d’une ère nouvelle dans l’histoire des formes. Selon le titre de la brochure accompagnant l’exposition « 0.10 », le suprématisme, ce « nouveau réalisme pictural », devait prendre la relève du cubisme. À l’instar d’une éclipse ou d’un trou noir, le Carré noir anéantit le monde traditionnel des objets, comme leur représentation mimétique et leur illusionnisme perspectif, afin de n’afficher que la réalité de la peinture dans un espace cosmique infini. Dans Le Monde sans objet (1927), Malevitch précise qu’il aurait exposé, en 1915, non pas un simple carré, mais « la sensation de la non-objectivité ».
Angela Lampe
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007