Cinéma / Vidéo
L'Horreur comique
Esthétique du slapstick
29 sept. - 24 oct. 2004
L'événement est terminé
Pourquoi les thèmes traditionnels du comique sont-ils ordinairement empruntés au registre de la violence et de la cruauté - la faim, la laideur, la bêtise, la destruction ? Pourquoi dit-on "hurler" ou "mourir de rire" ? Pourquoi cette conjonction de l'euphorie et de l'horreur ? Peut-être la réponse doit-elle être cherchée dans l'univers du drame satyrique : à la manière du satyre comparaissant sur la scène tragique et venant révéler au spectateur dans un éclat de rire, l'inanité du réel et la nullité de l'existence humaine, le personnage burlesque, défiguré, souillé, méconnaissable, privé par tous les moyens figuraux et scéniques de son intégrité physique et morale est la personnification comique de la désintégration du sujet, sa détresse dérisoire une mise en question du principe d'individuation.
On rencontre avant 1920, dans le cinéma primitif européen puis américain, un comique brutal et cynique que la cinématographie postérieure estompera pour répondre aux idéaux plus tempérés de la grande diffusion. L'humour violent et transgressif des Two Reel Comedies des années Dix mettant en scène des personnages inquiétants et violents (Larry Semon, Stan Laurel et Oliver Hardy encore dissociés, Roscoe Arbuckle...), laisse la place aux mélodrames humanistes des années Vingt, dont Charlie Chaplin reste l'interprète le plus illustre. Mais il se perpétue dans les films d'artistes et les performances contemporaines : de Jack Smith à Paul Mc Carthy ou Tony Oursler en passant par Bruce Nauman, on peut suivre le fil de cette tradition clownesque qui, dans sa dimension destructrice, met en crise l'espace de la représentation et profondément, correspond à une revalorisation de la comédie dans une poétique occidentale autrement dominée par le modèle de la tragédie.
Programmation / intervenant(s) :
Mnam / Cci - Philippe-Alain Michaud
Pourquoi les thèmes traditionnels du comique sont-ils ordinairement empruntés
au registre de la violence et de la cruauté - la faim, la laideur, la bêtise,
la destruction ? Pourquoi dit-on " hurler " ou " mourir de rire " ? Pourquoi
cette conjonction de l’euphorie et de l’horreur ? Peut-être la réponse
doit-elle être cherchée dans l’univers du drame satyrique : à la manière du
satyre comparaissant sur la scène tragique et venant révéler au spectateur
dans un éclat de rire, l’inanité du réel et la nullité de l’existence humaine,
le personnage burlesque, défiguré, souillé, méconnaissable, privé par tous les
moyens figuraux et scéniques de son intégrité physique et morale est la
personnification comique de la désintégration du sujet, sa détresse dérisoire
une mise en question du principe d’individuation.
On rencontre avant 1920, dans le cinéma primitif européen puis américain, un
comique brutal et cynique que la cinématographie postérieure estompera pour
répondre aux idéaux plus tempérés de la grande diffusion. L’humour violent et
transgressif des Two Reel Comedies des années Dix mettant en scène des
personnages inquiétants et violents (Larry Semon, Stan Laurel et Oliver Hardy
encore dissociés, Roscoe Arbuckle...), laisse la place aux mélodrames
humanistes des années Vingt, dont Charlie Chaplin reste l'interprète le plus
illustre. Mais il se perpétue dans les films d’artistes et les performances
contemporaines : de Jack Smith à Paul Mc Carthy ou Tony Oursler en passant par
Bruce Nauman, on peut suivre le fil de cette tradition clownesque qui, dans sa
dimension destructrice, met en crise l’espace de la représentation et
profondément, correspond à une revalorisation de la comédie dans une poétique
occidentale autrement dominée par le modèle de la tragédie.
Quand
tous les jours sauf mardis