Exposition / Musée
Mémoires des futurs
Modernités indiennes
18 oct. 2017 - 19 févr. 2018
L'événement est terminé
L’intérêt presque exclusif manifesté pour le seul « art contemporain » et les développements d’un marché globalisé depuis les années 1980 ont contribué, en ignorant longtemps les œuvres antérieures à cette période produites hors des mondes européen et nord-américain, à occulter durablement ou à simplifier la représentation des modernités complexes développées dans ces divers espaces géo-culturels. Ces histoires - coloniales, anti et post-coloniales - construites depuis la seconde moitié du XIXème ou les débuts du XXème siècle selon les régions du monde concernées et les paradigmes cognitifs et formels qu’elles ont défini, sont pourtant essentiels dans la formation et les questionnements des artistes, autant que dans la genèse et la matérialité des œuvres. Ce sont ainsi les projets modernes développés dans les diverses régions d’un monde aujourd'hui globalisé et multipolaire qu’il convient d’interroger avec les artistes qui en sont les héritiers et les critiques.
Le désintérêt ou la connaissance limitée de l’art moderne produit par ces cultures ont souvent eu un effet de ‘filtre’ sur la circulation et la réception des œuvres sur le(s) marché(s) et dans les collections publiques et privées. Ils ont aussi contribué à multiplier les lectures et évaluations dérivatives sur le mode de l’emprunt et des ‘influences’ ; en privilégiant le choix de formes et d’iconographies aisément assignables au détriment de propositions plus complexes qui s’inscrivent, de très diverses façons, dans des histoires sociales, culturelles et sensibles particulières.
Cependant, pour peu que l’on écarte certains schémas réducteurs, la diversité des pratiques esthétiques contemporaines développées en Inde témoigne de regards et de positions contrastés sur l'histoire et l’héritage modernes du pays ; mais aussi de généalogies formelles et de mémoires plurielles, irréductibles à tout projet d’essentialisation. Les sept artistes présentés dans cette exposition appartiennent à deux générations (des débuts des années 1970 à aujourd’hui) et ont connu des parcours et des expériences très variés. Pour autant, au-delà de la diversité des biographies, des héritages culturels et des choix formels, ils partagent la mémoire et le souci d’une modernité polémique et des transformations, positives ou plus préoccupantes, d’une société complexe et souvent paradoxale. Utilisant des mediums (photographie, peinture, dessin ou sculpture), des matériaux et des représentations hétérogènes, leurs œuvres interrogent de manières très diverses le projet – culturel, spirituel et politique – d’une Inde moderne, défini dans l’opposition au colonisateur anglais et à travers les luttes pour l’indépendance à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Dans un moment où ce projet inclusif et inachevé (d’une Inde de et pour tous les Indiens - quelle que soit leur appartenance ethnique, religieuse ou sociale) est remis en question par des idéologues fondamentalistes peu soucieux des réalités historiques, anthropologiques et culturelles du sous-continent, il nous a semblé opportun de retrouver, dans les propositions de ces artistes, de possibles échos contemporains du grand « Atelier » moderne indien ouvert dans la seconde moitié du XIXème par de grandes figures artistiques et intellectuelles (les Tagore, Swami Vivekananda, A. K. Coomaraswamy) et les énergies conjuguées d’une réforme politique et spirituelle.
Sans nostalgie ni romantisme, il peut ainsi faire sens de rappeler que l’art moderne indien s’est inventé dans des lieux et à travers des dynamiques qui relèvent plus du museion grec (le rendez-vous des muses) que du « musée d’art moderne », et dont Jorasanko puis Santiniketan (demeure familiale des Tagore près de Calcutta et berceau d’une expérience culturelle, spirituelle et pédagogique singulière) constituent le modèle autant que le symbole.
Le format expérimental du projet conçu pour la Galerie 0 et les programmes discursifs qui y sont présentés à l’occasion de cette exposition, nous invitent à revisiter, en compagnie de figures intellectuelles et artistiques singulières, certaines composantes (arts visuels et photographie, cinéma, architecture) et débats qui ont accompagné le développement et les expressions d’une modernité polyphonique et souvent conflictuelle.
Artistes :
Pablo Bartholomew (1955, New Delhi), Goutam Ghosh (1979, Nabadwip, West Bengal), Gauri Gill (1970, New Delhi), Sosa Joseph (1971, Parumala, Kerala), Benitha Perciyal (1978, Vellore, Tamil Nadu), Ram Rahman (1955, New Delhi), Seher Shah (1975, Karachi).
Remerciements :
Ce projet a été réalisé avec le généreux soutien de Peter Nagy et Aparajita Jain / Nature Morte New Delhi et Ranjana Steinruecke / galerie Mirchandani + Steinruecke Mumbai.
La programmation qui l’accompagne s’inscrit dans le cadre du projet culturel développé par Mao Jihong Arts Foundation et le service Recherche et Mondialisation du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou.
Le Centre Pompidou tient également à remercier : Bénédicte Alliot / Cité internationale des arts Paris, Shireen Ghandy Mumbai, Green Art Gallery Dubaï, Macquarie University Sydney, Project 88 Mumbai, Standard Oslo, ainsi que les prêteurs et les artistes.
Organisé par le service Recherche et Mondialisation du MNAM-CCI / Centre Pompidou
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
Quelques rendez-vous
MEMOIRES DES FUTURS. MODERNITES INDIENNES
19/10 - 18h : vernissage
20/10 - 12h : visite de l’exposition menée par Catherine David / Galerie 0
20/10 - 18h : discussion entre les artistes présents et la commissaire/ Galerie 0
21/10 - 19h : présentation de Pablo Bartholomew 1 / Galerie 0
25, 26 et 27/10 - 18h : Gondwana Series - Clark House Initiative 1, 2, 3 / Galerie 0
29/10 - 17h : Gondwana Series - Clark House Initiative 4 / Galerie 0
11/11 - 19h : présentation de Pablo Bartholomew 2 / Galerie 0
04 et 7/12 - 18h : présentations de Ram Rahman 1, 2, 3 / Galerie 0
18/12 - 18h : présentation de Grant Watson / Galerie 0
06/01 - 19h : projection de Chokher Bali (2003) de Rituparno Ghosh / Cinéma 1
07/01 - 18h : projection de Chitrangada (2012) de Rituparno Ghosh / Cinéma 1
10/01 - 19h : projection de Calcutta (1969) de Louis Malle / Cinéma 2
13/01 - 16h : projection des parties 1 à 4 de l’Inde Fantôme (1969) de Louis Malle / Cinéma 1
14/01 - 17h : projection des parties 5 à 7 de l’Inde Fantôme (1969) de Louis Malle / Cinéma 1
17/01 - 19h : projection de Through the Eyes of a Painter (1967, M. F. Husain), Inner Eye (1972, Satyajit Ray), Messages from Bhupen Khakhar (1983, Judy Marle) / Cinéma 2
18, 19 et 20/01 - 18h : présentations de Kaiwan Mehta 1, 2, 3 / Galerie 0
14, 15 et 16/02 - 18h : présentations de Baptist Coelho / Galerie 0
LATIFF MOHIDIN : PAGO-PAGO (1960-1969) / ouverture le 28 février
28/02 - 19h : soirée d’étude autour de l’œuvre poétique de Latiff Mohidin / en présence de l’artiste et de Goenawan Mohamad
Entrée gratuite et coupe-file sur réservation au plus tard 48h avant l’évènement (places limitées) : mondialisation@centrepompidou.fr
Le reste de la programmation sera communiqué ultérieurement
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