Une séance à New York au Hunter College

Si les frontières entre les espaces institutionnels et les pratiques de l'art et du film vont se marquer de plus en plus au cours des années soixante-dix, à la fin des années soixante, ces divisions n'étaient pas encore claires. En fait, beaucoup d'artistes travaillaient ensemble à New York, et ce n'est que rétrospectivement qu'on les a classés dans des mouvements distincts comme le « film structurel » ou « l'art conceptuel ». Comme exemple d'une telle collaboration, on peut citer la projection qui eut lieu au Hunter College le 3 avril 1968, où figuraient Robert Huot, Robert Barry, Hollis Frampton, Michael Snow et Joyce Wieland. Le programme était conçu par Robert Huot, peintre abstrait reconnu.

Néanmoins, Robert Barry et lui, qui enseignaient tous deux au Hunter College, allaient quitter la peinture pour le film. La séance du Hunter College était une tentative de faire passer, des galeries aux salles de cinéma, le mode d'engagement perceptuel qu'exigeait le minimalisme, dans l'espoir de bouleverser l'attitude passive du spectateur. Les films projetés usent de dispositifs variés pour créer discontinuité et permutation, et, ce faisant, ils attirent notre attention sur le matériel de base de l'appareil filmique et créent des effets optiques perturbants.

Squares, de Robert Barry, 1967, 4'

Scenes, de Robert Barry, 1968, 8'

Information, de Hollis Frampton, 1966, 4'

Process Red, de Hollis Frampton, 1968, 4'

Snowblind, de Hollis Frampton, 1968, 5'

Heterodyne, de Hollis Frampton, 1967, 7'

From Loops, de Robert Huot, 1967, 6'

Entr'acte

Spray, de Robert Huot, 1967, 11'

Short Shave, de Michael Snow, 4'

Catfood, de Joyce Wieland, 1967-68, 13'

Hand Tinting, de Joyce Wieland, 1967, 6'