Cinéma / Vidéo
Topologies : Horizons
30 nov. 2011
L'événement est terminé
Alors que le minimalisme inaugurait une mobilité physique du spectateur - sujet à proprement parler 'phénoménologique' de la perception -, le film post-minimal insère la caméra comme un élément étranger dans le champ de la perception, perturbant la boucle phénoménologique entre l'horizon intérieur du spectateur et l'horizon extérieur du monde
D'un point de vue phénoménologique, la caméra, les représentations qu'elle restitue et la vision du spectateur sont le point de convergence des différents éléments de la conscience visuelle et peuvent être considérés comme l'un d'entre eux - que la conscience soit partiellement externe (située dans l'objet simulé dans ce qui est vu), partiellement interne (située dans l'œil ou dans la caméra), ou partiellementcybernétique ou interprétative (située dans le système nerveux ou le processus d'attention qui, avec les systèmes musculaires et squelettiques du corps, permet de s'orienter dans le monde.) Dan Graham
Alors que le minimalisme inaugurait une mobilité physique du spectateur - sujet à proprement parler 'phénoménologique' de la perception -, le film post-minimal insère la caméra comme un élément étranger dans le champ de la perception, perturbant la boucle phénoménologique entre l'horizon intérieur du spectateur et l'horizon extérieur du monde. Les relations intérieur-extérieur s'inversent - le film devient comme une peau optique (pellicule) qui peut être tordue sur elle-même comme une bande de Moebius. Body Press de Dan Graham (hors programme) est un parfait exemple de cette démarche.
Quant aux Studio Films de Bruce Nauman, ils manifestent l'intrusion du regard d'autrui dans l'espace privé du plasticien qui exproprie, pour ainsi dire, l'artiste de son propre habitus. Le jeu dynamique de relations entre la caméra, le corps et l'écran est renforcé dans les films présentés dans les deux séries étroitement liées : 'horizons' et 'cadres'. Dans ces films, la caméra semble se replier sur elle-même, accentuant les limitations de notre point de vue. Mouvements en spirale, faux raccords, jeux de miroirs et autres procédés sont utilisés pour fragmenter la perception spatiale du spectateur et provoquer un sentiment de dislocation et de désorientation.
Sunset to Sunrise, de Dan Graham, 1969, 5'
Pour réaliser Sunset to Sunrise, « la caméra 16 mm effectue un mouvement continu à partir d'une position orientée vers le soleil qui se couche à l'horizon, pour monter lentement en spirale vers le sommet du ciel. La spirale cartographie peu à peu la topographie complète du ciel." (Dan Graham)
Le matin du lendemain, au moment où le soleil se lève, le mouvement de la caméra se trouve inversé. Nous observons « le 'dôme' intérieur du ciel comme si l'observateur était placé à l'extérieur de la surface sphérique ; de même que la terre tourne sur elle-même et autour du soleil, l'observateur tourne en relation au ciel. »
Land Art, de Gerry Schum, performance de Walter de Maria, "Two Lines Three Circles on the Desert", 1969, 4'
Hard Core, de Walter de Maria, 1969-72, 29'
"Un western minimaliste-de paysage-mystérieux-historique" - Prospect 71, catalogue de la projection
Land Art, de Gerry Schum, performance de Richard Long
Walking a Straight 10 Mile Line Forward and Back Shooting Every Half Mile, 1969, 6'03
12 Hours Tide Object with Correction of Perspective, de Jan Dibbets, 1969, 7'32
Horizon I - Sea, de Jan Dibbets, 10''
Vibrating Horizon, de Jan Dibbets, 5'
Songdelay, de Joan Jonas, 1973, 18'
Depuis 1968, Joan Jonas réalise des performances à la fois à l'intérieur et en plein air mais ce travail relève d'une préoccupation filmique plus que de la simple documentation d'une performance. Par exemple, dans Songdelay, Joan Jonas manifeste son intérêt pour les relations changeantes entre distance et perception, en utilisant des objectifs grand angle et des téléobjectifs. Le titre provient d'une action particulière dans le film, au cours de laquelle certains des participants, placés à des distances variées de la caméra, frappent l'une contre l'autre des baguettes de bois. Il y a un décalage temporel entre les perceptions visuelle et auditive des claquements - ils sont vus avant d'être entendus Joan Jonas fausse le sens de la distance et de l'espace et crée un rythme contrapuntique entre le son et l'image, qui est rendu encore plus complexe par le tempo des coupes. Ces aspects du tournage et du montage du film créent une vision fragmentée de l'espace qui n'est jamais dévoilé dans son intégralité. - Castelli-Sonnabend, catalogue de cassettes vidéo et films
Quand
À partir de 19h