Festival / Soirée
Simon-Daniel Kipman : « la palette des oublis »
20 févr. 2014
L'événement est terminé
Une conférence de Simon-Daniel Kipman «La palette des oublis
« L’homme n'est pas grand chose, mais sans l'oubli, il n'est rien du tout. Gardons ce curieux
assemblage de mot: RIEN du TOUT. L'oubli a bien mauvaise réputation. Pourtant la simple observation des faits, des écrits, des comportements montre clairement qu'il nous faut adopter un tout autre point de vue.
L'ostracisme dans lequel nous plongeons l'oubli est étrange mais raisonnable :
- d'abord il faut tenir compte de la difficulté à en parler, à y penser. L'oubli volontaire est
impossible, impensable, et parler de l‘oubli représente une gageure, un décentrement, auquel il faut douloureusement parfois, se soumettre. Mais la démarche scientifique l'est souvent.
- de plus, si on distingue le mécanisme de l'oubli et la sensation d'oubli, on remarque que cette dernière est TOUJOURS rappelée de l'extérieur, par d'autres, laissant le sujet dans un sentiment de manque de faute, de « loupé ». L'oubli est ainsi toujours culpabilisé.
Nous distinguerons les mécanismes de l'oubli : refoulement ? Détérioration des voies conductrices neuronales ? Quoiqu'il en soit l'oubli est omniprésent dans la vie psychique des individus. Et si il est aussi présent, c’est, à l'évidence, qu'il est nécessaire. Si l'oubli a des liens étroits avec la mémorisation, ce ne sont pas des liens de dépendance, de rivalité ou primauté, mais des liens mobiles de renforcement de l'un par l'autre, de masquage de l'un par l'autre, de complémentarité à la fois inconsciente et de confort.
On peut alors tenter une nouvelle définition des oublis, et, à partir de là, montrer que bien des
classifications cliniques en usage actuellement sont insatisfaisantes, voire dangereuses. Par ailleurs, on distinguera les troubles de mémoire à l'origine de la pensée, et ceux liés à la sénescence.
Ces approches ont des conséquences énormes tant en terme de clinique que de positionnement
thérapeutique, en terme d'individu comme en termes de société : du droit à l'oubli au devoir de mémoire.»
Simon-Daniel Kipman
Simon-Daniel Kipman est psychiatre, psychanalyste, président-fondateur de la Fédération française de psychiatrie et président de l'Observatoire francophone de la médecine de la personne fondé en 2013.
Renseignement :
Christine Bolron, christine.bolron@centrepompidou.fr
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