Exposition / Musée
Calais. Témoigner de la « jungle »
Bruno Serralongue. Agence France-Presse. Les habitants.
16 oct. 2019 - 24 févr. 2020
L'événement est terminé
Conçue comme une méditation, une expérience et une approche comparative d’une imagerie de notre temps, celle de la migration, « Calais, témoigner de la ‹ jungle › » aborde la situation des réfugiés installés dans un camp des abords de Calais, surnommé la « jungle », avant son démantèlement en octobre 2016.
À travers trois approches, celle de l’artisteBruno Serralongue et son projet documentaire Calais(2006-2018), les clichés de l’Agence France-Presse diffusés par les médias et enfin les témoignages des anciens habitants, l’exposition explore les différentes fonctions, rôles et statuts de l’image et réaffirme à quel point le Centre Pompidou est aussi un lieu social et politique.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis
Où
Présentation de l'exposition
À partir de 2005, Bruno Serralongue capte les différents moments de la vie des exilés, leurs premiers campements provisoires et leurs tentatives pour rejoindre l’Angleterre, l’installation du « bidonville d’État » jusqu’à son démantèlement. Ses tirages s’inscrivent dans une temporalité lente, ils instaurent une distance avec l’événement. Ainsi, ils proposent une alternative aux images médiatiques tout en empruntant à la tradition visuelle du tableau d’histoire. Parallèlement, l’exposition du photographe français valorise l’acquisition récente par le Centre Pompidou d’un ensemble de la série Calais.
Les publications imprimées et en ligne des photographes de l’Agence France-Presse offrent un autre exemple du rôle de la photographie. L’image médiatique s’intéresse plus aux événements qu’à la vie quotidienne ; elle doit informer et se faire remarquer dans un environnement où l’attention du public devient de plus en plus volatile. Porteurs d’une double intention, ces clichés condensent une importante quantité d’informations et sont à l’initiative d’une image iconique qui échappe aux stéréotypes propres au sujet. Cette section, produite en coopération avec l’Agence France-Presse, montre des entretiens avec ses protagonistes, comme avec d’autres personnalités du monde des médias ou du monde associatif. Ces témoignages sont réunis au sein d’un film dont l’artiste allemand Andreas Langfeld est l’auteur.
Enfin, la troisième partie de l’exposition donne la parole aux habitants. Les perspectives des migrants proposent ainsi une autre lecture des événements et conditions de vie des habitants de la « jungle ». Leurs photos et vidéos montrent une autre réalité. À rebours de celles présentées par les médias, elles mettent en avant l’importance d’un outil existentiel : les téléphones portables qui servent non seulement de moyen de communication avec leurs familles et d’instrument de navigation sur la route mais aussi de caméra. Les photographies exposées ne sont pas uniquement celles d’amateurs mais aussi d’artistes et professionnels de l’image qui le sont devenus parfois par la force des choses. Parmi les auteurs : Shadi Abdulrahman, Riaz Ahmad, Alpha Diagne, Zeeshan Haider, Ali Haghooi, Babak Inanlou et Arash Niroomand.
Ce dernier volet présente également le nouveau film du jeune auteur iranien Babak Inanlou qui constitue une réflexion sur les images de la « jungle ». La fin du parcours prévoit une nouvelle action participative de Séverine Sajous et Julie Brun qui ont initié à Calais en 2015 un workshop intitulé Jungleye. Leur nouveau projet, avec le soutien d’Emmaüs Paris, fait le lien entre Calais et Paris, et rappelle que « la jungle de Calais » n’était qu’une configuration d’un phénomène qui reste d’actualité : l’exil et la migration.
Source :
Florian Ebner, conservateur, musée national d'art moderne, Centre Pompidou
Commissaire de l'exposition
In Code couleur n°35, septembre-décembre 2019, p. 36-37