Tableau-relief C 1327

À partir de 1994, Honegger réalise des « Tableaux-Espaces », constitués d’éléments longilignes de bois peint d’une seule couleur, qui s’installent perpendiculairement au mur, et conduisent le spectateur à intégrer ce dernier dans son regard sur l’œuvre. Cette conquête progressive d’une troisième dimension amène bientôt Honegger à associer, dans la série « Artefakt » (1997), des panneaux métalliques monochromes à des éléments tubulaires orthogonaux, peints de la même couleur, puis, en 1998, à concevoir à nouveau des « Tableaux-Reliefs », dont la planéité blanche est cette fois rompue par un seul élément métallique (courbe ou droit), coloré et disposé perpendiculairement à la surface du tableau. Cette évolution annonce précisément la série des grands « Tableaux-Reliefs » de 2001, à laquelle appartient le Tableau Relief C-1327 , donné au Musée par l’artiste.

Constitués de panneaux verticaux monochromes en aluminium, ces nouveaux « Tableaux-Reliefs » sont complétés par des lames métalliques (droites ou courbes), peintes de la même couleur, et disposées perpendiculairement à leur surface. Cette disposition n’est pas sans rappeler les séries précédentes mais également le travail de Honegger pour les vitraux de la cathédrale Saint-Cyr de Nevers (1983-1993), dont la composition est animée par des séries de courbes et contre-courbes. Aboutissement d’une longue évolution, les « Tableaux-Reliefs » de 2001 (dont C-1327 est un exemple caractéristique) se placent à l’exacte intersection de la peinture et de la sculpture de Honegger. Par leur simplicité et l'élégance de leur composition, ils incitent le spectateur à ouvrir son regard sur les non-dits des œuvres d’art, pourtant essentiels pour Honegger : le matériau qui les façonne, la lumière qui les baigne, l’espace qui les étreint.

Jean-Paul Ameline

Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007