Exposition / Musée
Gottfried Honegger
24 juin - 14 sept. 2015
L'événement est terminé
Gottfried Honegger reste un artiste à redécouvrir. L’hommage que lui rend le Centre Pompidou contribue, en mettant l’accent sur la genèse et le développement des Tableaux-reliefs, à remettre sa trajectoire artistique en lumière. On sait peu que l’artiste et son épouse Sybil Albers comptent parmi les grands donateurs des collections publiques françaises en matière d’art moderne et contemporain. Leur collection – plus de cinq-cent-cinquante œuvres offertes à l’État –, regroupant des artistes des avant-gardes et de l’art abstrait, trouve place depuis 1990 dans l’Espace de l’Art Concret, installé à Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes.
Acteur majeur de l’art concret, Gottfried Honegger, âgé aujourd’hui de 97 ans, commence sa carrière comme graphiste à Zurich. Lors d’un séjour à Paris en 1939, il compose ses premiers paysages et quelques portraits de style cubiste. La Seconde Guerre mondiale interrompt cet élan et, de retour en Suisse, Honegger ne reprendra une activité artistique qu’en 1949. Proche des artistes concrets zurichois, il commence à peindre au début des années 1950 des compositions qui mêlent références à la nature et géométrie. Dès 1958, lors d’un séjour à New York, il rencontre des artistes du mouvement de l’Expressionnisme abstrait. Il choisit aussi de se consacrer exclusivement à son travail artistique. Honegger présente en 1960, à la galerie Martha Jackson de New York, des œuvres préfigurant les Tableaux-reliefs : des monochromes rouges dont la surface est animée par des éléments géométriques répétitifs de faible épaisseur, recouverts de peinture acrylique. La même année, Gottfried Honegger s’installe à Paris et entre en relation avec Aurélie Nemours, Sonia Delaunay et Michel Seuphor, important historien et critique de l’art abstrait. Fasciné par le livre du biologiste Jacques Monod, Le Hasard et la nécessité, Honegger est, dès 1970, l’un des premiers artistes en France à avoir recours à l’informatique pour une série de dessins programmés par un ordinateur. L’idée de programmation inspire aussi la conception des Tableaux-reliefs, dont les formats deviennent monumentaux. La distribution des couleurs et des formes, modules après modules, est également confiée au hasard par le biais de jeux de dés.
Échappant à toute monotonie malgré son aspect sériel, cette production permet à l’artiste une grande variété d’approches. Dans les années 1980 apparaissent des diptyques, des triptyques ou des peintures dont les châssis découpés en deux parties font jouer au mur d’exposition un rôle structurant par l’effet d’un subtil décalage. Depuis les années 1990, les Tableaux-reliefs – émancipés du plan du tableau – se confrontent à l’espace sous la forme de reliefs ou de sculptures de métal peint. Les Pliages, qui ajourent des cylindres blancs dont les découpes se développent dans l’espace, constituent le point d’orgue de l’exposition d’un artiste au parcours à la fois sensible et radical.
Par Christian Briend, Conservateur au Musée national d’art moderne, commissaire de l’exposition
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis