Premier carré vibrant
1958
Premier carré vibrant
1958
« Ce qui m'intéresse c'est la transformation de la matière, prendre un élément : une ligne, un morceau de bois, un morceau de fer et de le transformer en pure lumière, de le transformer en vibration. » (Soto)
Au début des années 1950, Soto oriente ses recherches vers la répétition sérielle d'éléments géométriques et la superposition de surfaces tramées. À partir de 1958, il place des tiges métalliques et des fils de fer sur des fonds carrés qu'il intitule Vibrations. En associant un triple encadrement coloré (blanc, bleu et noir), un fond strié et une plaque de métal prolongée par une baguette, Soto suscite ici une forte « instabilité visuelle» qui varie avec les déplacements du spectateur.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
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Technique | Peinture sur bois et métal peint |
Dimensions | 60 x 60 x 16 cm |
Acquisition | Dation, 2011 |
N° d'inventaire | AM 2012-103 |
Informations détaillées
Artiste |
Jesús Rafael Soto
(1923, Venezuela - 2005, France) |
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Titre principal | Premier carré vibrant |
Date de création | 1958 |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
Technique | Peinture sur bois et métal peint |
Dimensions | 60 x 60 x 16 cm |
Acquisition | Dation, 2011 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain |
N° d'inventaire | AM 2012-103 |
Analyse
« En 1957, rapporte Jean Clay, il [Soto] met au point le système qui fera désormais partie de son vocabulaire : un panneau couvert de petites lignes régulières blanches et noires devant lequel viennent se placer – à quelques centimètres – des fils, des barres de métal, des carrés diversement colorés dont la masse est rongée optiquement – pour peu qu’on se déplace même insensiblement – par la grille régulière sur laquelle ils se profilent. Restons immobile : un carré impeccable se dessine, superposé sur un carré plus grand – le panneau du fond. Tout, ici, respire le calme, l’harmonie, l’équilibre. C’est la sérénité d’un Mondrian. Nous sommes dans l’immuable. Bougeons un peu : voici que s’animent ces géométries régulières et que commence – discrète, ténue, toute nourrie d’élégance – une petite agitation, une sorte d’incertitude, comme un doute sur la compacité du réel, sur l’ordre immuable des choses. Cette barre, rongée insidieusement, ce solide de part en part grignoté par le jeu subtil des lignes du fond, cette délicate remise en question des certitudes les plus avérées, les plus carrées – qu’est-ce donc, sinon l’art de Mondrian revisité, ré-investi de l’intérieur par l’esprit de l’art moderne1 ? »
Peu d’œuvres encore témoignent, en cette année 1958, de ce passage au métal qu’évoque Jean Clay. Seules quelques fines trames orthogonales en métal soudé ont commencé à remplacer dans les tableaux de Soto (ainsi dans Sans titre (Relieve de oposición vertical y horizontal), 1958, collection Florence Soto) les trames précédemment peintes sur Plexiglas.
Ce qui distingue toutefois Premier carré vibrant de ces réalisations, c’est la décision de soumettre pour la première fois une figure géométrique simple – ici un carré – aux effets dissolvants de la trame striée, que l’artiste conserve comme fond de l’œuvre.
En effet, en associant à la fois un triple encadrement coloré (blanc, bleu et noir), un fond strié, une plaque métallique rectangulaire et une baguette de métal prolongeant cette plaque, Soto se donne tous les moyens de faire de son carré une pure construction optique, qui n’existe que si l’on regarde ensemble la plaque métallique et la baguette qui la prolonge. Dématérialisé par les effets destructeurs du fond strié, le carré est soumis aux vibrations qui résultent du mouvement du spectateur devant lui.
Premier carré vibrant, présenté dans les rétrospectives majeures de Soto entre 1968 et 1974, à Krefeld, Hanovre, Berne, Bruxelles, Amsterdam, Paris, Mannheim et New York, se présente donc comme un manifeste pour une nouvelle vision, susceptible d’offrir des perspectives de renouvellement quasi infinies au vocabulaire de l’abstraction, étant donné que s’y intègrent non seulement le jeu des formes mais encore leur vibration face au spectateur.
Jean-Paul Ameline
Notes :
1. Jean Clay, « De l’art optique à l’art cinétique », Soto, cat. expo., Paris, galerie Denise René, 1967, n.p.
Source :
Extrait du catalogue Soto, Collection du Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2013
Bibliographie
Soto : Madrid, Palacio de Velazquez del Parque del Retiro, février-mars 1982/ textes de Alfredo Boulton, Gloria Moure... - Madrid : [s.n.], 1982 (cat. n° 32, repr. coul. p. 32, repr. p. 102)
Jesus Soto : Space Art / Intr. by T.M. Messer, essay by Alfredo Boulton, translated in spanish.- Miami : [s.n.], 1985 (repr. coul.)
Jesus Rafael Soto : retrospectiva = Retrospective Exhibition : Porto, : Fundação de Serralves, 27 de maio -11 de julho de 1993 (repr. coul. p. 59)
Jesus Rafael Soto : Visione in movimento : Bergame, GAMeC-Galleria d''Arte Moderna e Contemporanea, 13 octobre 2006-25 février 2007 (cat. n° 7, repr. coul. p. 59)
Jesus Rafael Soto dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne : Paris, Centre Pompidou, Galerie du Musée, 27 février-20 mai 2013.- Paris: Centre Pompidou, 2013 (cat. n° 5, cit. p. 51, 101, 116, 118, repr. coul. p. 50-51) . N° isbn 978-2894426-594-4
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