Structure cinétique
1955
Structure cinétique
1955
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
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Technique | Peinture sur bois et sur Plexiglas, métal |
Dimensions | 40 x 40 x 27 cm |
Acquisition | Dation, 2011 |
N° d'inventaire | AM 2012-100 |
Informations détaillées
Artiste |
Jesús Rafael Soto
(1923, Venezuela - 2005, France) | |
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Titre principal | Structure cinétique | |
Date de création | 1955 | |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | |
Technique | Peinture sur bois et sur Plexiglas, métal | |
Dimensions | 40 x 40 x 27 cm | |
Acquisition | Dation, 2011 | |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain | |
N° d'inventaire | AM 2012-100 | |
En dépôt | Musée des Beaux-Arts de Rennes (Rennes) depuis le 01-01-2015 |
Analyse
C’est en 1953 que Soto réalise sa première œuvre sur Plexiglas, Sans titre (Deux carrés dans l’espace), aujourd’hui dans la collection de la famille Soto conservée au Museo de arte moderno Jesús Soto à Ciudad Bolívar (Venezuela).
Cette première œuvre sera suivie de trente-sept autres, réalisées de 1953 à 1957, pour certaines d’entre elles à plusieurs exemplaires. S’expliquant au sujet de ses Plexiglas en 1974, l’artiste confie à Claude-Louis Renard : « Les œuvres sérielles issues de Répétitions avaient donné lieu à la vibration optique du tableau. Je suis passé presque immédiatement à la superposition de deux vibrations, de deux répétitions, et aux progressions superposées. Et c’est à partir de cette superposition que je suis arrivé au mouvement optique par déplacement du spectateur devant l’œuvre fixe1. »
Si l’on étudie le passage à ces superpositions utilisant le Plexiglas, on constate qu’en réalité le recours à ce matériau résulte d’une évolution très progressive. En effet, comme Soto le rappellera lui-même en 2004 lors d’un entretien avec Hans Ulrich Obrist, c’est en utilisant les vernis qu’il expérimente d’abord ses premiers effets de transparence. Il superpose deux carrés, vernis en blanc et légèrement décalés l’un par rapport à l’autre, de telle manière que celui du dessous apparaisse partiellement et suggère volume et mouvement virtuel. Pour lui, en 1953, la question à résoudre est celle de « la vibration dans le temps, et pas seulement celle de la vibration représentée2 ». C’est dans une deuxième étape qu’il passe à l’utilisation du Plexiglas, alors qu’il a pu se familiariser avec les œuvres réalisées avec ce matériau par d’autres artistes, tels Moholy-Nagy, mais aussi, sans doute, Vantongerloo et Kosice, auxquels il rend régulièrement visite dans leurs ateliers. Il superpose alors deux surfaces de mêmes dimensions : d’une part, un fond de bois peint portant une trame (points, carrés, figures géométriques), d’autre part, une surface en Plexiglas portant une deuxième trame, légèrement décalée en avant de ce fond.
Comme le remarque Jean Clay, « l’instabilité de la surface est désormais obtenue par déplacement du spectateur. À mesure qu’il se meut latéralement, les deux grilles “glissent” devant son œil avec un décalage suffisant pour engendrer un bouleversement de la surface3 ». C’est au brouillage des formes peintes et à l’apparition de formes virtuelles vibrant sous les effets d’ombre et de lumière dus au Plexiglas qu’aboutissent les superpositions de Soto. Après 1955, et notamment à partir de Spirale, encouragé par ses premières expériences avec des trames simples, il va donner aux graphismes colorés de ses superpositions une complexité de plus en plus grande.
Structure cinétique (1955), qu’il réalisera en trois exemplaires et qui servira de prototype en 1967 à la création d’un multiple pour la boîte Sotomagie, éditée par la galerie Denise René, est ainsi composée de polygones peints encastrés les uns dans les autres et inclinés différemment selon qu’ils se trouvent sur le fond de bois ou sur le Plexiglas. L’entrelacement optique des deux trames est donc la conséquence de leur superposition, qui fait « éclater » les polygones en libérant leurs couleurs. « C’est vrai que j’ai voulu mettre la couleur en mouvement, a reconnu Soto dans ses conversations avec Ariel Jiménez, je voulais parvenir à ces combinaisons où la couleur a une plus grande force de vibration et où l’ambiguïté spatiale qui résulte de ces propositions est plus en évidence4. »
Dynamique de la couleur (1957) répond parfaitement à ce programme. Réalisée en deux exemplaires (l’autre appartient au Hirshhorn Museum de Washington), l’œuvre comporte deux éléments très différents : d’une part, un fond de bois strié verticalement en noir et blanc, et, d’autre part, une surface de Plexiglas comportant des stries en noir et blanc et des stries colorées, majoritairement disposées en diagonale. Lors du déplacement du spectateur, le « tressage » optique des deux trames provoque un maximum d’effets vibrants colorés. Ce relief est l’un des derniers de Soto en Plexiglas ; lui aussi donnera lieu à la création par la galerie Denise René d’un multiple pour la boîte Sotomagie. L’année suivante, il passera à des œuvres exclusivement en métal et bois mais conservera les fonds striés verticalement en noir et blanc tels qu’il les a expérimentés précédemment, notamment dans Dynamique de la couleur.
Les Plexiglas à trames complexes auront une autre postérité. En 1957-1958, Soto conçoit pour la première fois plusieurs Structures cinétiques en trois dimensions, faites d’assemblages de polygones de métal striés en couleurs. L’une de ces Structures, conçue pour brouiller la perception de l’espace du spectateur qui y entre, recevra en 1973 de la part du critique Alfredo Boulton la dénomination de « Pré-Pénétrable5 ».
!Jean-Paul Ameline
Notes :
1. « Extraits d’entretiens de Soto avec Claude-Louis Renard », Soto. A Retrospective Exhibition, cat. expo., New York, Solomon R. Guggenheim Museum, 1974, p. 29-30.
2. Entretien avec Hans Ulrich Obrist, 2004 (Archives Soto, Paris), partiellement publié dans Hans Ulrich Obrist, « Jesús Rafael Soto », Conversations, vol. 1, Paris, Manuella Éditions, 2008, p. 781-792.
3. Jean Clay, « De l’art optique à l’art cinétique », Soto, cat. expo., Paris, galerie Denise René, 1967, n.p.
4. Ariel Jiménez, Conversaciones con Jesús Soto/Conversations with Jesús Rafael Soto, Caracas, Fundación Cisneros, 2005, p. 167. [Notre traduction].
5. Alfredo Boulton, Jesús Soto, Caracas, Ernesto Armitano Editor, 1973, p. 129.
Source :
Extrait du catalogue Soto, Collection du Centre Pompidou - Musée national d'art moderne, Éditions du Centre Pompidou, Paris, 2013
Bibliographie
Lumiere Mouvement et Optique : Bruxelles, Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, 1965 (cat. n° 123)
Jesus Rafael Soto dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne : Paris, Centre Pompidou, Galerie du Musée, 27 février-20 mai 2013.- Paris: Centre Pompidou, 2013 (cat. n°2, cit. p. 44, 100, 107, repr. coul. p. 44 et 45) . N° isbn 978-2894426-594-4
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Eye attack : Op Art and kinetic art 1950-1970 : Humlebaek, Louisiana Museum of Modern Art, 4 février-5 juin 2016. - Humlebaek : Louisiana Museum of Modern Art, 2016 (cit. p.94 (légende), reprod.coul.p. 44) . N° isbn 978-87-92877-57-4
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La Méditerranée et l''art moderne, Collections du Centre Pompidou : Rabat, Musée Mohammed VI d''art moderne et contemporain de Rabat, 24 avril-27 août 2018. - Paris : Editions Skira, 2018 (sous la dir. de Christian Briend et Nathalie Ernoult) (cat. n° 49 cit. et reprod. coul. p. 101) . N° isbn 978-2-37074-077-9
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