Sans titre
1995
Sans titre
1995
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite sur papier calque |
Dimensions | 32,5 x 168,5 cm |
Acquisition | Achat, 1996 |
N° d'inventaire | AM 1996-431 |
Informations détaillées
Artiste |
Gabriel Orozco
(1962, Mexique) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | 1995 |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite sur papier calque |
Dimensions | 32,5 x 168,5 cm |
Acquisition | Achat, 1996 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1996-431 |
Analyse
Premier artiste mexicain de sa génération à se faire connaître en Europe, Gabriel Orozco est lié à la tradition muraliste par son père, Mario Orozco Rivera, qui fut l’élève de Siqueiros. Son travail se situe cependant en complète opposition avec l’art muraliste, matériellement stable et investi d’une lourde charge iconographique, et s’inscrit sous le signe du nomadisme : chaque lieu, chaque circonstance commandent de nouvelles solutions plastiques, lui imposent de nouveaux matériaux. L’imperceptible, l’éphémère, le déplacement, l’absence, le vide, constituent les thèmes essentiels de son œuvre, qui relève avant tout de la sculpture. Ainsi, pour La DS (1993, Fnac), qui a révélé l’artiste en France, l’intérêt réside dans la suggestion de la partie manquante de la voiture reconstituée. De même, lorsque Orozco est invité par le MOMA, en 1993, l’élément le plus important de son intervention est l’installation d’oranges au bord des fenêtres des appartements surplombant le musée new-yorkais. À New York également, il réalise l’empreinte de la ville en roulant une boule de pâte à modeler, d’un poids égal au sien, qui enregistre toutes les rues ainsi parcourues ( Piedra que cede , 1992). Ces effets de déplacement, qui deviennent particulièrement éloquents dans ses photographies de situations et de compositions trouvées ou élaborées par lui-même, produisent des effets de merveilleux dans lesquels les béances, les absences, comptent autant que les faits réels.
Même adéquation au lieu, même exploitation des données matérielles locales lorsque Orozco dessine. Il utilise comme supports aussi bien des souches de billets d’avion d’un temps révolu, des billets de banque ou des cailloux ; il habille un crâne humain d’un graphisme géométrique qui rappelle des tatouages primitifs et, plus récemment, le squelette géant d’une baleine à Mexico. Lorsqu’il ne trouve pas de « matériaux » ou de motifs extérieurs, c’est vers son propre corps – main, peau, ou autre – qu’il se tourne : en 1995, pendant son séjour à Berlin, il crée plusieurs sculptures ( Mani marine et Mani mollusco , 1995) dont le motif est basé sur sa propre main, « outil » qu’il emploie aussi pour la réalisation de plusieurs œuvres sur papier qui relèvent également de la procédure de l’empreinte – ainsi les deux dessins au crayon de 1995 présents dans la collection du Musée. Dans l’un, les enchevêtrements des contours multiples de la main pivotant sur elle-même forment l’image d’une espèce de méduse tentaculaire ; dans l’autre, la succession des contours de ses doigts écartés constitue une sorte d’épine dorsale à excroissances symétriques, une structure régulière à mi-chemin entre l’humain, le végétal et l’animal, dont le développement horizontal commande la longueur de la bande de papier. L’utilisation de la main comme module ou matrix primordiale a une portée symbolique, ainsi que le note Jean-Pierre Criqui. Le geste de la main, la trace du corps suggèrent un contact, une transmission, un don, une preuve in situ d’un passage.
Trous et arborescences : c’est toujours sur l’apparition du double manquant et l’évocation du double possible que se fonde la poétique du déplacement de Gabriel Orozco.
Jonas Storsve
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008