Les cavaliers
[1902 - 1903]
Les cavaliers
[1902 - 1903]
Domaine | Dessin |
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Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 40,8 x 54,7 cm |
Acquisition | Don de Eugénie Kupka, 1963 |
N° d'inventaire | AM 2771 D |
Informations détaillées
Artiste |
František Kupka
(1871, Autriche-Hongrie - 1957, France) |
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Titre principal | Les cavaliers |
Date de création | [1902 - 1903] |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine sur papier |
Dimensions | 40,8 x 54,7 cm |
Inscriptions | Signé en bas à droite à l'encre de Chine : Kupka. Non daté |
Acquisition | Don de Eugénie Kupka, 1963 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2771 D |
Analyse
« Le peintre doit être aussi leste que l’appareil photographique qui immobilise la perception instantanée, agir avec la rapidité du cinématographe ou de la rétine elle-même, s’il veut saisir ses impressions telles qu’elles se succèdent », écrit Kupka. Dans Les Cavaliers, c’est le mouvement saccadé du trot de deux chevaux montés qu’il tente de capter, d’un trait rapide d’encre et par une division en lamelles verticales : l’image est fractionnée, dédoublée, démultipliée comme dans un jeu de miroirs. Les différents éléments du dessin, dissociés, se déploient indépendamment les uns des autres : les silhouettes des cavaliers, l’un coiffé d’un haut-de-forme et l’autre d’un melon, se découpent en noir et blanc sur la feuille selon un contraste positif/négatif d’inspiration photographique. Le chien blanc qui traverse la feuille en deux temps se dédouble, suivi de son ombre noire ; les chevaux sont représentés à différentes étapes de leur déplacement, comme ils le seraient sur une planche de Muybridge – dont les travaux photographiques inspireront aussi Duchamp, Balla et les futuristes, dans leur quête de la représentation du mouvement. Enfin, à l’extrémité droite du dessin, le cavalier au melon se retourne et apparaît de dos : le sous-bois se transforme en manège, comme si Kupka reproduisait les images circulaires, montées sur tambour, des praxinoscopes d’Émile Reynaud (dont un exemplaire est resté exposé au musée Grévin, à Paris, jusqu’en 1900).
Annonçant la série des pastels Femme cueillant des fleurs de 1909-1911 (MNAM), études de décompositions de plus en plus poussées d’un mouvement, et des altérations de couleurs qui s’ensuivent, Les Cavaliers, dont la date d’exécution est généralement établie à 1901-1902, pourraient être d’une réalisation plus tardive – avant 1908 selon P. Brullé et M. Theinhardt, voire 1909 selon M. Mladek. Cette grande feuille dessinée à l’encre n’en reste pas moins un des jalons fondamentaux du renouvellement de la pratique du dessin au début du XXe siècle, à partir de l’appareillage optique qui apparaît à la fin du XIXe siècle, appareillage dont est né le cinéma, et qui devait durablement transformer, en la dynamisant, la perception moderne de l’espace.
Philippe-Alain Michaud
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008