Sans titre
10 décembre 1959
Sans titre
10 décembre 1959
Domaine | Dessin |
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Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 35 x 42,5 cm |
Acquisition | Achat, 1997 |
N° d'inventaire | AM 1997-63 |
Informations détaillées
Artiste |
Cy Twombly
(1928, États-Unis - 2011, Italie) |
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Titre principal | Sans titre |
Date de création | 10 décembre 1959 |
Domaine | Dessin |
Technique | Mine graphite sur papier |
Dimensions | 35 x 42,5 cm |
Inscriptions | Signé et daté en bas à gauche : (Roma) / Cy Twombly Dec 10, 1959. Inscription en haut : abolished, and her frightful wings in the leaves / of the pool - abolished, that mirrors her alarms / (Mallarmé) |
Notes | Citation de Mallarmé extraite de l'"Ouverture ancienne d'Hérodiade, la Nourrice" : "Abolie, et son aile affreuse dans les larmes / Du bassin, aboli, qui mire les alarmes" (ed. La Pléiade, p. 41) |
Acquisition | Achat, 1997 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1997-63 |
Analyse
Daté du 10 décembre 1959 et localisé par une mention de l’artiste (« Roma »), ce dessin, réalisé exclusivement à la mine graphite avec quelques gommages, porte en exergue une citation de L’Ouverture ancienne d’Hérodiade de Mallarmé en traduction anglaise : « Abolished, and her frightful wings in the tears/of the pool – abolished, that mirrors her alarms » [Abolie, et son aile affreuse dans les larmes/Du bassin, aboli, qui mire les alarmes]. Bien que de petit format, il est remarquablement dense, complet et exemplaire de cette période particulièrement fertile de l’art de Twombly. D’une écriture à la fois nerveuse, ferme et brouillonne – certains éléments sont même raturés –, paraissant allier rapidité et assurance d’exécution, l’artiste disperse sur la feuille des formules ou des pictogrammes scatologiques et sexuels, des chiffres et des lettres : des germes d’écriture qui vont constituer ce vaste répertoire de signes, à la limite de l’indéchiffrable, présent dans de nombreux dessins et peintures – comme le monumental The Age of Alexander, peint la nuit de la Saint-Sylvestre 1959-1960, dans lequel il célèbre la naissance de son fils Cyrus Alessandro, le 18 décembre. Il est très rare, à cette époque, que Twombly cite Mallarmé, dont il a commencé la lecture, en anglais, à son arrivée en Italie au printemps 1957, alors qu’il se réfère fréquemment à Keats et à Sappho. Dans le dessin See Naples and Die, réalisé à Ischia et daté 1960, il cite également Hérodiade, mais cette fois en français. La même année, il reprend la citation de Mallarmé dans une grande peinture, Hérodiade, également réalisée à Rome.
Roland Barthes, fin exégète de l’œuvre de Twombly, écrit à propos de son utilisation du crayon : « On pourrait penser que, pour dire le crayon, il faut l’appuyer, en renforcer l’apparence, le rendre intense, noir, épais. Twombly pense le contraire : c’est en retenant la pression de la matière, en la laissant se poser comme non-chalamment de façon que son grain se disperse un peu, que la matière va montrer son essence, nous donner la certitude de son nom : c’est du crayon » (« Sagesse de l’art », dans Cy Twombly, cat. exp., New York, Whitney Museum of American Art, 1979) ; et, à propos de son rapport à l’écriture : « TW dit à sa manière que l’essence de l’écriture, ce n’est ni une forme ni un usage, mais seulement un geste, le geste qui la produit en la laissant traîner : un brouillis, presque une salissure, une négligence. Réfléchissons par comparaison. Qu’est-ce que l’essence d’un pantalon (s’il en a une) ? Certainement pas cet objet apprêté et rectiligne que l’on trouve sur les cintres des grands magasins ; plutôt cette boule d’étoffe chue par terre, négligemment, de la main d’un adolescent, quand il se déshabille, exténué, paresseux, indifférent. L’essence d’un objet a quelque rapport avec son déchet : non pas forcément ce qui reste après qu’on en a usé, mais ce qui est jeté hors de l’usage. Ainsi des écritures de TW. Ce sont les bribes d’une paresse, donc d’une élégance extrême ; comme si, de l’écriture, acte érotique fort, il restait la fatigue amoureuse : ce vêtement tombé dans un coin de la feuille… » (« Non multa sed multum », dans Cy Twombly. Catalogue raisonné des œuvres sur papier, vol. VI, 1979).
Jonas Storsve
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
De la/du même artiste
Bibliographie
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Cy Twombly. Cinquante années de dessins, Saint-Pétersbourg, Musée de l''Ermitage, 8 juillet-21 septembre 2003 / Munich, Pinakothek der Moderne, 8 octobre-30 novembre 2003 / Paris, Galerie d''art graphique et Galerie du musée du Centre Pompidou, 21 janvier-29 mars 2004 / Londres, Serpentine Gallery, 17 avril-13 juin 2004 .- Paris : Editions Gallimard / Centre Pompidou, 2004 (cit. p. 17 et reprod. coul. p. 16) . N° isbn 2-07-011774-X
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. et reprod. coul. p. 311) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Cy Twombly : Drawings, catalogue raisonné volume 2, 1956-1960. - Munich : Schirmer/Mosel, 2012 (sous la direction de Nicola Del Roscio) (cat. n°174 cit et reprod. coul. p. 205) . N° isbn 978-3-8296-0486-4
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