Mire G 131 (Kowloon)
09 septembre 1983
Mire G 131 (Kowloon)
09 septembre 1983
Domaine | Peinture |
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Technique | Acrylique sur papier marouflé sur toile |
Dimensions | 134 x 100 cm |
Acquisition | Don de Galerie Jeanne Bucher, 1985 |
N° d'inventaire | AM 1985-74 |
Pas de reproduction
Informations détaillées
Artiste |
Jean Dubuffet
(1901, France - 1985, France) |
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Titre principal | Mire G 131 (Kowloon) |
Date de création | 09 septembre 1983 |
Domaine | Peinture |
Description | Restauration de l'encadrement. |
Technique | Acrylique sur papier marouflé sur toile |
Dimensions | 134 x 100 cm |
Inscriptions | MO.D.B.DR. : J.D. 83 |
Acquisition | Don de Galerie Jeanne Bucher, 1985 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1985-74 |
Analyse
Toujours taraudé, à près de quatre-vingts ans, par la question de la figuration, à laquelle, insatiable, il a pourtant apporté tant de solutions plastiques – et conceptuelles – à travers le développement de nouvelles séries, Dubuffet entreprend, à la suite de deux ensembles, les Sites aux figurines et les Partitions , encore ancrés dans les Théâtres de mémoire , des peintures à l’acrylique sur papier qu’il dénommera a posteriori « Psycho-sites ». L’ambition est ici de radicaliser la démarche entreprise autour de la notion de lieux habités de figures pour aborder des « idées de sites » et des « idées de personnages ». De telles expressions visent à désigner l’absence de spécificité des lieux évoqués et l’indétermination des figures (une ou plusieurs) qui y apparaissent. L’incertitude, « l’équivoque », est renforcée par des aberrations d’échelle et de points de vue sur la scène représentée, ainsi que par le recours à la délimitation de zones cellulaires où viennent généralement s’inscrire les personnages, de façon à mettre en question la vision que nous avons des choses, vision soumise à un phénomène de « traduction » nous contraignant souvent dans la reconnaissance et la formulation de ce qui est déjà nommé. Aussi, dans les Psycho-sites , Dubuffet va-t-il s’atteler, avec une nouvelle manière, à saper les fondements de nos certitudes visuelles. Les tracés cursifs, d’exécution rapide, procèdent de cette méthode de dissolution des repères dans un espace purement mental, de même que l’usage des couleurs « crues et triviales [qui] font grande place à l’arbitraire, marquées à tout moment d’outrancière impropriété ».
Si les personnages des Psycho-sites conservent encore cette double fonction d’habiter le lieu et de suggérer notre propre regard sur le lieu, avec la série Mires ils deviennent sans objet et disparaissent totalement de la surface du tableau. L’entreprise de l’artiste s’énonce ici avec plus de rigueur vis-à-vis des notions d’indéterminé et d’aléatoire : « On serait fondé à parler d’abstraction si ce terme n’était habituellement réservé à l’art qui s’interdit de figurer quoi que ce soit, au lieu que ces peintures veulent, à l’opposé, figurer les spectacles qui se présentent à nos yeux mais dans une forme très généralisée, au point que s’y voient indifférenciés le grand et le petit, les corps et les vides et toutes anecdotiques spécificités, pour finalement évoquer indifféremment tout spectacle, toute prise quelconque dans le spectacle continu que le monde nous offre. » Les Mires déclinent, dans une gamme de couleurs réduite essentiellement au bleu, au noir et au rouge, leurs tracés erratiques sur fond jaune ( Kowloon ) ou sur fond blanc ( Boléro ). Réalisées pour la plupart sur des feuilles de 67 x 100 cm, elles atteignent parfois des formats plus grands issus de ce module de base : ainsi, Le Cours des choses est composé de trente-deux de ces feuilles. Son processus d’exécution témoigne de la maîtrise de Dubuffet dans la conduite de ce qu’il tient pour l’accomplissement d’une démarche tant conceptuelle que picturale. C’est en effet feuille à feuille que l’artiste progressera dans la réalisation de cette Mire monumentale, conçue en esprit, et dont l’ensemble sera ensuite marouflé sur toile pour être présenté dans le pavillon français de la Biennale de Venise en 1984.
Sophie Duplaix
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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Jean Dubuffet : Prague, Kinsky Palace, 4 octobre-28 novembre 1993 (cat. n° 91 reprod. coul. p. 172)
La Collection du Centre Georges Pompidou : un parcours au musée d''art moderne de la Ville de Paris. - Paris : éd. du Centre Pompidou/Paris-Musées/Les Musées de la Ville de Paris, 1998 (cit. p. 55-56 et reprod. coul. p. 55) . N° isbn 2-85850-989-1
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Collection Art graphique : [Catalogue de] La collection du Centre Pompidou, Musée national d''art moderne - Centre de création industrielle. - Paris : éd. Centre Pompidou, 2008 (sous la dir. d''Agnès de la Beaumelle) (cit. p. 431-432 et et reprod. coul. p. 433) . N° isbn 978-2-84426-371-1
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Plaisirs de France : art et culture français de la Renaissance à aujourd''hui : Bakou, musée national des Beaux-Arts, 10 mars - 6 mai 2012 ; Almaty, musée national des Beaux-Arts, 26 mai - 29 juillet 2012. - Paris, Réunion des musées nationaux - Grand Palais, 2012 (reprod. coul. p. 205 (détail), 206) . N° isbn 978-2-7118-5995-5
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Jean Dubuffet, El viajero sin brújula / Traveller without a compass : Málaga, Centre Pompidou-Málaga, 11 juillet-14 octobre 2018 (sous la dir. de Sophie Duplaix) (cit. p. 66 et reprod. coul. p. 67) . N° isbn 978-85-949006-0-0
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Jean Dubuffet. Rétrospective : Martigny, Fondation Pierre Gianadda, 3 décembre 2021-6 juin 2022. - Martigny : Fondation Pierre Gianadda, 2021 (sous la dir. de Sophie Duplaix) (cat. n° 95 reprod. coul. p. 97) . N° isbn 978-2-88443-172-9
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