Douleur exquise
1984 - 2003
Douleur exquise
1984 - 2003
L’œuvre de Sophie Calle se fonde sur la constitution d’archives autour de son histoire. Douleur exquise fait le récit, à la manière d’une enquête, d’une rupture sentimentale vécue par l’artiste en 1984. Véritable catharsis visant à atténuer sa souffrance, l’œuvre met en regard le témoignage de Sophie Calle avec la parole d’anonymes répondant à la question « Quel est le jour où j’ai le plus souffert ? ». En multipliant les indications de temps et de lieux, elle dresse un portrait intime de la douleur qui s’estompe à mesure que ses textes noircissent jusqu’à une complète disparition, symbole de retour à la vie.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation |
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Technique | Epreuve couleur chromogène, épreuve gélatino-argentique, lin, fil de coton |
Acquisition | Don de Caisse des dépôts et consignations, 2004 |
N° d'inventaire | AM 2004-188 (5) |
Fait partie de l'ensemble |
Douleur exquise Ensemble (Ensemble dissociable) |
Informations détaillées
Artiste |
Sophie Calle
(1953, France) | |
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Titre principal | Douleur exquise | |
Date de création | 1984 - 2003 | |
Fait partie de l'ensemble | Douleur exquise Ensemble (Ensemble dissociable) Ensemble dissociable de 9 polyptyques accompagné d'un texte explicatif de l'artiste présenté à proximité de l'oeuvre. Dans l'ordre de préférence de l'artiste, il est possible de présenter les 9 ensembles, les 8, 7, 6,.... à 1 ensemble(s) mais pas 2 ensembles. Chaque polyptyque est composé de 4 éléments indissociables : 2 photographies et 2 broderies Texte de l'artiste : Douleur exquise* En 1984, le ministère des Affaires étrangères m'a accordé une bourse d'études de trois mois au Japon. Je suis partie le 25 octobre sans savoir que cette date marquait le début d'un compte à rebours de quatre-vingt-douze jours qui allait aboutir à une rupture, banale, mais que j'ai vécue alors comme le moment le plus douloureux de ma vie. J'en ai tenu ce voyage pour responsable. De retour en France, le 28 janvier 1985, j'ai choisi, par conjuration, de raconter ma souffrance plutôt que mon périple. En contrepartie, j'ai demandé à mes interlocuteurs, amis ou rencontres de fortune: "Quand avez-vous le plus souffert ?" Cet échange cesserait quand j'aurais épuisé ma propre histoire à force de la raconter, ou bien relativisé ma peine face à celle des autres. La méthode a été radicale : En trois mois j'étais guérie. L'exorcisme réusssi, dans la crainte d'une rechute, j'ai délaissé mon projet. Pour l'exhumer quinze ans plus tard. *Douleur exquise. MOD.MED. Douleur vive et nettement localisée. _______________________________________________ | |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions | Installation | |
Description | Polyptyque composé de 4 éléments : 1 photographie couleur et 1 broderie sur lin gris : "Il y a 30 jours.." et 1 photographie couleur et 1 broderie sur lin blanc : "C'était le 22 novembre 1963." | |
Technique | Epreuve couleur chromogène, épreuve gélatino-argentique, lin, fil de coton | |
Acquisition | Don de Caisse des dépôts et consignations, 2004 | |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Contemporain | |
N° d'inventaire | AM 2004-188 (5) |
Analyse
Sophie Calle n’a de cesse de constituer des archives de ses expériences existentielles afin d’en faire peut-être, un jour, une œuvre d’art. C’est le cas de Douleur exquise, qui a attendu vingt ans avant d’en prendre la forme. Produite d’abord en version japonaise, puis en français pour la grande exposition au Centre Pompidou en 2003-2004, « Sophie Calle. M’as-tu vue », cette œuvre, déployée dans trois salles, exhume une rupture sentimentale vécue par l’artiste en 1984. Dans la première salle, Sophie Calle évoque à travers 92 éléments encadrés (photographies, lettres et documents divers) le voyage en Chine qui l’oblige à laisser son amant à Paris. La chambre d’hôtel où elle est censée le retrouver, le lieu de la douleur, est reconstituée dans un deuxième espace. C’est là, à New Delhi, qu’elle apprend par un appel reçu sur un petit téléphone rouge que cet amant la quitte. La troisième partie de l’œuvre consiste en une tentative de se débarrasser de la douleur. Sur 72 diptyques, composés de deux photographies et de deux textes brodés sur un panneau de lin, sont tour à tour présentés les mots de Sophie Calle et ceux des personnes qu’elle a interrogées sur leur plus grande douleur, comme pour relativiser la sienne. L’œuvre acquise par le Centre Pompidou compte neuf ensembles de cette dernière salle, où alternent les photographies du téléphone rouge et de chaque personne interrogée, au-dessus des textes brodés dont l’intensité colorée diminue au fur et à mesure que la douleur s’estompe.
Christine Macel
Source :
Extrait du catalogue Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007
Bibliographie
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