Gouache n° 780
1975
Gouache n° 780
1975
Domaine | Dessin |
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Technique | Encre de Chine et gouache sur papier |
Dimensions | 32,7 x 25,8 cm |
Acquisition | Achat, 1979 |
N° d'inventaire | AM 1979-95 |
Informations détaillées
Artiste |
Camille Bryen (Camille Briand, dit)
(1907, France - 1977, France) |
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Titre principal | Gouache n° 780 |
Date de création | 1975 |
Domaine | Dessin |
Technique | Encre de Chine et gouache sur papier |
Dimensions | 32,7 x 25,8 cm |
Inscriptions | Signé en bas à gauche : Bryen. Daté au revers : Morges, 21 août 1975 |
Acquisition | Achat, 1979 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 1979-95 |
Analyse
« J’ai commencé de dessiner pour dessiner, pour vivre sans mot, sans pensée réfléchie. D’abord jaillirent des parois du papier qui m’entourait de la tête aux pieds des anatomies transhumaines, des métamorphoses cannibalistes, je traversais des règnes, j’étais mineur, j’étais corbeau. Puis ces espaces furent mangés ou bus. Mosaïques de taches et de signes » (Bryen, « L’heure du biniou », Phases, mars 1955, nº 2). L’arme première de Bryen est la plume : lame de cannibale déjà dans ses poèmes qui procèdent de Dada, elle devient, dans les années 1930, le scalpel de ses dessins « automatiques » (non au sens surréaliste, mais dans l’idée d’une absolue liberté). Ces morphologies monstrueuses mêlent des corps amputés, greffés, et des couteaux aigus. Après la guerre, Bryen abandonne la figure humaine ; mais toujours l’éclatement se dessine, à l’encre parfois rehaussée d’aquarelle, dans une écriture griffée, d’où fusent les formes hérissées de structures imaginaires.
En 1948, Bryen participe à l’exposition « HWPSMTB » (Hartung, Wols, Picabia, Stahly, Mathieu, Tapié) et à son catalogue, avec ces mots : « Et si le dessin était voyance…/il ne raconterait aucune histoire, ne reproduirait rien,/ne se préoccuperait d’aucune règle./Il ne tendrait qu’à saisir l’œil, à le désorbiter/comme une fleur, à le faire s’éveiller délivré de lui-même. Ce serait l’aventure des sudations/du hasard, de l’éclat du plaisir, des pactes avec/les quartz, les poils et les pierres. » En 1949, Audiberti forge l’expression « poileur de pierres », qui se retrouve dans l’ouvrage manifeste qu’ils publient ensemble en 1952, L’Ouvre-Boîte. Colloque abhumaniste : « Profondeur foisonnante et pointe pétant sec. Tout de suite ces dessins hurlèrent fin comme au sortir des labyrinthes fabuleusement complexes d’un œil de fourmi stimulé par le fouet des archanges ordonnanciers. Cela ressemblait à de la pierre où du poil aurait poussé. » Progressivement, hachures et pubescences gagnent la surface du papier, qui devient un tissu d’encre légère, flottant, parfois crevé, comme dans ce Dessin de 1963. Bryen nomme ces images « non-non-formes » – et Michel Tapié, commentant son œuvre, invente en 1951 le terme d’« informel ».
Toujours partisan du renouveau par la négation, Bryen se saisit de la couleur et de la peinture fin 1949, écartant toute représentation, expression, narration, pour une perception « déshumanisée » – pour la révélation, sur le papier ou sur la toile, du temps, des éléments, du cosmos. La Gouache nº 780, de 1975, où luttent giclures d’encre et plages aux tons pastel, semble ainsi recueillir des brumes, la rosée, une lumière presque impressionniste.
Anne Lemonnier
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne, sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Bibliographie
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