Grenade bleue
[1946]
Grenade bleue
[1946]
" L'image peut avoir une relation avec la nature comme la fugue de Bach au Christ. Alors, ce n'est pas une imitation, mais une création analogue." (Wols)
C'est seulement à son retour à Paris, en 1946, après avoir été interné dans différents camps de concentration, que Wols commence à peindre à l'huile. Wols écrase directement sur la toile les coulées de peinture du tube pour cerner violemment par d'épaisses lignes noires une forme qui échappe. Le fond est brouillé, éclaboussé de taches, griffé. La Grenade bleue, dont la violence est contenue dans la coque du fruit, vibre d'un mouvement tourbillonnant qui en fait une image cosmique.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 46 x 33 cm |
Acquisition | Achat, 1971 |
N° d'inventaire | AM 1971-4 |
Informations détaillées
Artiste |
Wols (Alfred Otto Wolfgang Schulze, dit)
(1913, Allemagne - 1951, France) |
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Titre principal | Grenade bleue |
Date de création | [1946] |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile |
Dimensions | 46 x 33 cm |
Inscriptions | S.B.DR. : WOLS |
Acquisition | Achat, 1971 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1971-4 |
Analyse
Né dans une famille aisée, d’un père juriste et d’une mère cantatrice, Wols est un passionné de zoologie, d’ethnologie, de philosophie – essentiellement chinoise –, mais surtout de musique. Il reçoit quelques rudiments de photographie dans l’atelier de Genga Jonas en 1930-1931. En 1932, il suit des cours à la Reiman Schule, une école d’arts appliqués de Berlin, et se rend au Bauhaus où il rencontre Moholy-Nagy. Ce dernier écrit pour Wols une lettre d’introduction auprès des artistes qu’il veut rencontrer à Paris. Il y arrive en juillet 1932 et côtoie notamment le milieu surréaliste, sans cependant s’y attacher, se faisant d’abord connaître comme photographe portraitiste. Wols reste fondamentalement un solitaire. En 1939, en tant que citoyen allemand, il est interné dans différents camps. À l’Armistice, il est relâché, et mène une vie d’errant dans le Sud de la France, réalisant sans cesse de mystérieux dessins à la plume et à l’aquarelle sur des bouts de papier, ses « petits contes terrestres », comme il les nomme, qui surprennent par leur aspect improvisé, libre et cependant précis ( Composition , 1943, AM 1789 D, acheté à l’artiste en 1946). C’est seulement à son retour à Paris, en 1946, qu’il commence à peindre à l’huile, car jusqu’alors il se refusait à faire ce qu’il nomme la « gymnastique des bras et des avant-bras » qu’implique le travail sur la toile. Les empâtements, les arrachements et les couleurs vives visibles dans la Grenade bleue sont totalement nouveaux chez lui. La peinture montre aussi l’intérêt que porte Wols à la nature, dont il se sentira toujours plus proche que de l’homme. La Grenade bleue , dont la violence est contenue dans la coque du fruit, vibre d’un mouvement tourbillonnant qui en fait une image cosmique. Le tableau a été exposé pour la première fois en 1957 à Londres ( Wols , cat. exp., Institute of Contemporary Arts, 24 juin-13 juillet 1957, cat. n o 43).
Angela Lampe
Source :
Extrait du catalogue Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007