Jeu de l'ombre
1996
Jeu de l'ombre
1996
Domaine | Dessin |
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Technique | Fusain sur carton |
Dimensions | 234,5 x 119,5 cm |
Acquisition | Achat, 2005 |
N° d'inventaire | AM 2005-125 |
Informations détaillées
Artiste |
Hervé Télémaque
(1937, Haïti - 2022, France) |
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Titre principal | Jeu de l'ombre |
Date de création | 1996 |
Domaine | Dessin |
Technique | Fusain sur carton |
Dimensions | 234,5 x 119,5 cm |
Inscriptions | T.S.D. au tiers inférieur : Jeu de l'ombre / H. Télémaque / 96 |
Acquisition | Achat, 2005 |
Secteur de collection | Cabinet d'art graphique |
N° d'inventaire | AM 2005-125 |
Analyse
Après les années 1980, consacrées aux grandes peintures et aux grands collages, Télémaque opère un nouveau retour au dessin autonome au début des années 1990, salué en 1994 par une exposition dédiée à son œuvre graphique à la galerie Louis Carré à Paris, dont le titre, « Fusain et marc de café – Deuil : le dessin, l’objet », dit le sens profond : « Je retrouve l’ambition de mes débuts, de découvrir des mécanismes de l’inconscient […] avec les moyens simples du crayon et de la feuille de papier où l’on jette ses premières idées sans complexe […] Cela va m’amener plus tard à un plaisir encore plus pur avec l’aide du fusain et du meilleur papier, comme le vélin d’Arche. Le dessin devient d’une autonomie totale dans les grands fusains des années 90 » . Le fusain, très classique, lui permet non seulement de travailler la forme d’une manière infiniment souple, mais aussi, par ses modulations de lumière, de faire advenir le mystère, l’énigme des objets peuplant ses obsessions ou sa mémoire.
Lorsque, en 1991, Télémaque retourne à Haïti, il revoit, à Port-au-Prince, sa mère qui a dû être amputée partiellement d’une jambe. À la suite de cette épreuve, il conçoit une magnifique série de dessins « d’accompagnement de la mort mais sans dramatisation », réalisés au fusain à partir de photographies qu’il a prises lui-même, fait exceptionnel. « Avec cette série, on entre dans le cœur du sujet du dessin, un sujet qui a le courage de se nommer, avec l’œil de la mémoire. » Dans Jeu de l’ombre , qui lui fait suite, « la description reste voilée, […] se situant dans l’allusion, comme dans la haute poésie » . Le corps tronqué, divisé, éclaté, traité en plans géométriques emboîtés – réminiscence du cubisme (Braque) – renvoie certes à l’érotisme (toujours sous-jacent dans le travail de Télémaque), et sans doute à quelque fantasmagorie morbide, presque inquiétante et fantastique. Cependant, c’est la portée méditative et alchimique de ce travail de dessin, fondé sur la « logique du fusain », qui prime : « Chez moi , explique Télémaque, le dessin est à sa noblesse maximale quand il aboutit à une ombre chinoise, une sorte de mise en abyme. » L’usage très délicat qu’il fait du fusain, par frottage et gommage – ce qui lui permet, avec jouissance, d’ajuster progressivement la forme – crée un modelé subtil entre ombre et lumière qui dématérialise le corps. Le caractère spectral de la figure est loin cependant de réduire la sensualité de la matière, ainsi que la densité et la solidité des plans. La masse obscure de ce rare carton à taille humaine exerce l’attrait mystérieux d’une apparition primitive.
Nadine Pouillon
Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008
Événements
Bibliographie
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