Concetto spaziale (60-O.45) (Concept spatial)
1960
Concetto spaziale (60-O.45)
(Concept spatial)
1960
Dans cette œuvre s'exprime toute la tension sur laquelle repose l'art de Fontana, entre matière et espace, violence et sérénité.
Dans une matière épaisse encore malléable, Lucio Fontana pratique des fentes et des trous sur l'endroit comme sur l'envers du support. Réagissant aux assauts de l'artiste, la surface de la peinture se plisse ou se rétracte comme une peau. Deux zones colorées se partagent l'espace. Dans la plus claire, les perforations se multiplient en désordre, tandis que la zone sombre paraît plus apaisée.
Domaine | Peinture |
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Technique | Huile sur toile, perforations, incisions, entailles, fentes |
Dimensions | 150 x 150 cm |
Acquisition | Achat, 1977 |
N° d'inventaire | AM 1977-197 |
Informations détaillées
Artiste |
Lucio Fontana
(1899, Argentine - 1968, Italie) |
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Titre principal | Concetto spaziale (60-O.45) (Concept spatial) |
Date de création | 1960 |
Domaine | Peinture |
Technique | Huile sur toile, perforations, incisions, entailles, fentes |
Dimensions | 150 x 150 cm |
Inscriptions | S.D.B.DR. : l. fontana / 1960 |
Acquisition | Achat, 1977 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1977-197 |
Analyse
Au cours des années 1960-1963, en même temps qu'il réalise des tableaux à entailles («Attese»), attestant la recherche d'une perfection «minimaliste» du geste, Fontana reprend les expériences « matiéristes » sur ses tableaux, soit avec des matériaux non picturaux (métaux, pierres, etc.) déjà utilisés précédemment, soit avec des peintures à huile épaisse, susceptibles de soutenir l'inscription d'une écriture cursive dans la profondeur de la pâte.
Dans le Concetto Spaziale 60-0.45 (cat. rais. I, n o 60-0.45), qui appartient à ce cycle des «Olii» (c'est-à-dire des huiles), Fontana aborde la toile comme un champ d'intervention délimité par deux cercles concentriques, incisés dans l'épaisseur de la peinture, elle-même divisée en deux zones : gris clair et gris foncé. À l'intérieur de ces deux zones, se trouvent les traces de l'intervention du peintre : entailles, perforations, trous, lacérations, griffures. L'ensemble suggère un combat avec la peinture, mené sur l'endroit et l'envers de la toile, dont la surface, sous l'assaut, semble se plisser ou se rétracter comme une peau.
À la double polarité des deux zones colorées répond la double polarité des perforations : dans la zone la plus sombre, celles-ci sont rares, le plus souvent sous forme d'entailles verticales. Au contraire, dans la zone la plus claire, trous et entailles se multiplient en désordre, en particulier le long de la ligne de démarcation des deux couleurs. Chacune de ces deux zones semble ainsi exprimer la bipolarité de l'art de Fontana, partagé entre matière et espace, violence et sérénité. Cette bipolarité en suggère une autre, perceptible dans l'image même donnée par le Concetto Spaziale 60-0.45 : celle du signe chinois «yin-yang», symbolisant les aspects antithétiques du cosmos, partagé entre obscurité et lumière d'une part, intérieur et extérieur d'autre part. Fontana, n'ignorant pas les spéculations extrême-orientales dans ce domaine, pourrait y avoir été sensible.
Jean-Paul Ameline,
Johan Popelard
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007