Neuf Moules Mâlic
[1914 - 1915]
Neuf Moules Mâlic
[1914 - 1915]
Cuirassier, gendarme, larbin, livreur, chasseur, prêtre, croque-mort, policeman, chef de gare, prisonniers de leurs uniformes, les moules mâlic ne sont que des coquilles vides.
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
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Technique | Huile, fil de plomb sur verre (fêlé en 1916), monté entre deux plaques de verre |
Dimensions | 66 x 101,2 cm |
Acquisition | Dation, 1997 |
N° d'inventaire | AM 1997-95 |
En salle :
Musée - Niveau 5 - Salle 20 : Francis Picabia / Anna Sommer
Informations détaillées
Artiste |
Marcel Duchamp
(1887, France - 1968, France) |
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Titre principal | Neuf Moules Mâlic |
Date de création | [1914 - 1915] |
Circonstances de production | L'oeuvre fut brisée en 1916 et réencadrée par l'artiste entre deux panneaux de verre |
Domaine | Oeuvre en 3 dimensions |
Technique | Huile, fil de plomb sur verre (fêlé en 1916), monté entre deux plaques de verre |
Dimensions | 66 x 101,2 cm |
Inscriptions | INSC.R. : -[sur la feuille de plomb:] 9 moules (formes) mâlics / surmontés d'un réseeau de / 9 stoppages semblables |
Acquisition | Dation, 1997 |
Secteur de collection | Arts Plastiques - Moderne |
N° d'inventaire | AM 1997-95 |
Analyse
Monumentale peinture sur verre, La Mariée mise à nu par ses célibataires, même (Le Grand Verre, 1915-1923, Philadelphia Museum of Art), l’œuvre la plus ambitieuse conçue par Marcel Duchamp, illustre l’impossible accouplement d’une « Mariée », soumise aux avances d’un groupe de « Célibataires ». Au nombre de neuf, les membres de cette horde sauvage sont cantonnés, piégés, dans la partie basse du Verre. Avant la mise en chantier du Grand Verre lui-même (chantier qui durera de 1915 à 1923, date à laquelle l’œuvre sera considérée comme « définitivement inachevée »), Duchamp, avec les Neufs Moules Mâlic (cat. rais. 1, n o 328) se livre à une étude de ce qui apparaît comme le moteur, la centrale énergétique de sa grande machine (c’est bien de la mécanique amoureuse que traite Le Grand Verre).
Les « Célibataires » deviennent des « Moules Mâlic », des « matrices d’Éros », selon la loi de leur seule fonction qui est de former (mouler), un « gaz », collecté au sommet de leurs têtes, par un réseau de tubes nommés, comme il se doit, « capillaires ». Ce « gaz », congelé, réduit en paillettes, transformé en un nuage épais, sera expédié vers la « Mariée », provoquera son « épanouissement ». Avec ses Célibataires, Duchamp a voulu donner de la masculinité une image grotesque. Chacune de ses figures incarne une fonction de pouvoir, revêt un uniforme « viril ». Duchamp les a identifiées à leur revers : « cuirassier, gendarme, larbin, livreur, chasseur, prêtre, croque-mort, policeman, chef de gare ». Il a fait de la partie supérieure de son Grand Verre un espace féminin, éthéré, placé sous le sceau de la spiritualité. Il lui a opposé sa partie inférieure, sa « machine célibataire », qu’il a qualifiée de « grasse et lubrique ».
Longtemps propriété de l’irréductible célibataire Henri-Pierre Roché, les Neuf Moules Mâlic ont été acquis par Alexina Duchamp (épouse de l’artiste), en 1956. Marcel Duchamp, grâce à sa « Mariée », a retrouvé ses « Célibataires ».
Didier Ottinger
Source :
Collection art moderne - La collection du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne , sous la direction de Brigitte Leal, Paris, Centre Pompidou, 2007