N°9

Ces propos de Richard Serra, nés de sa confrontation avec l’espace du dessin, le désignent comme sculpteur lorsqu’il emploie le matériau papier. Déjà au sein du Minimal Art, dans les années 1960 aux États-Unis, l’artiste travaillait à une mise en évidence des processus de détermination de la forme propre à chaque matériau. L’utilisation de plaques d’acier Corten l’amène ensuite à des réalisations monumentales, pour certaines en extérieur, qui envisagent la question proprement sculpturale de la gravité. En 1971, lorsqu’il commence à entreprendre des grands dessins noirs – des « dessins de situation », comme les appelle Yve-Alain Bois, dont la découpe et l’emplacement deviennent, avec la matière et le noir, des qualités essentielles –, il élabore sur un autre mode un équivalent à sa sculpture. Jamais le dessin ne précède celle-ci, il constitue un champ plastique parfaitement autonome.

Le dessin Nº 9 est le dernier d’une série réalisée ainsi après la sculpture Clara-Clara , installée au Jardin des Tuileries à Paris, en 1983. Le sentiment de poids naît de la combinaison de la forme du dessin, dont la partie inférieure est découpée, et de la matière noire épaisse, propre à l’artiste. Ici, le noir n’est pas un moyen de dessiner, il est le dessin.

Agnès de la Beaumelle

Source :
Extrait du catalogue Collection art graphique - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Agnès de la Beaumelle, Paris, Centre Pompidou, 2008