Cinéma / Vidéo
Pierre Bressan
Trajectoire
06 oct. 2021
L'événement est terminé
À l’occasion de la 23e édition du Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris, le Centre Pompidou s’associe au Collectif jeune cinéma (CJC) pour une séance hommage à Pierre Bressan. Cinéaste nancéen à la trajectoire fulgurante mais injustement oublié, Pierre Bressan (1956-2011) voit son dernier film, Nuits blanches (1981), primé au festival de Clermont Ferrand, ex-aequo avec le premier film de Leos Carax. Programmateur au mythique Festival underground du film universitaire de Nancy (FUFU), il a réalisé une œuvre cinématographique particulièrement cohérente entre 1976 et 1985, composée d’une dizaine de films.
Son travail, bien que témoignant d’une extrême singularité, apparaît à la croisée de plusieurs mouvances du cinéma expérimental et narratif : le cinéma du corps, le cinéma baroque, et un goût certain pour les costumes et ambiances hérités des films de la Hammer. Ses films ont été récemment redécouverts, après avoir été soigneusement conservés dans la cave de la sœur du cinéaste pendant plus de trente ans.
« Personnage très discret, dandy sombre, Pierre Bressan construit, au fil de ses films, un univers extrêmement cohérent, très noir, gothique même, où il laisse libre court à son goût pour les poses stoïques, Schroteriennes, les pièces vides et étrangement éclairées, les costumes noirs, un temps en suspens, sous-exposé, et des lumières nancéennes. Bien que son œuvre soit très singulière, on pourrait la rapprocher d'autres films de l'époque, que ce soit des adaptations de Poe par Roger Corman, des films de ladite école du Corps, ou encore du cinéma de la pose : Philippe Garrel, Yvan Lagrange, Denis Develoux et Patrice Énard.
Notre programmation, nous l'avons voulue chronologique, car les films de Pierre Bressan s'accommodent bien de cet ordre : son univers se peuple petit à petit, se perfectionne, des détails surgissent. Nous irons jusqu'à La Dame aux Camélias, première incursion réellement fictionnelle, réalisé après avoir soutenu un mémoire en littérature sur Alexandre Dumas fils. Ensuite, il réalisera Nuits blanches, qui ne sera pas projeté lors de cette séance, un étrange polar expérimental se déroulant à Nancy, dans des teintes jaunes, dont la maîtrise technique nous donne parfois l'illusion d'une face B d'un film hollywoodien, et qui a été primé à Clermont Ferrand ex-aequo avec le premier film de Leos Carax.
Après ces films, Pierre Bressan travaille encore dans le cinéma, en faisant l'image sur certains courts-métrages, dont le premier film de Laetitia Masson, produit par le GREC, où l'on retrouve aisément la patte de Bressan. Puis, il disparaît: de Nancy en premier, puis du milieu du cinéma expérimental. Ses films s'éclipsent avec lui, bien emmitouflés, au sec dans une cave. À sa mort, en 2011, sa sœur récupère les copies qui, fait notable pour un cinéaste expérimental, sont parfaitement rangées et annotées.
Pourquoi a-t-il aussi soudainement arrêté de faire des films, difficile à savoir. Une hypothèse tout de même : Pierre Bressan est un de ces rares cinéastes romantiques pour qui filmer représente tout, et pour qui chaque tournage est éprouvant car il demande un investissement total, proche de la folie. Bien à rebours de cinéastes qui filment à la demande, ou parce que les sous sont là, il est de celles et ceux qui ne filment que quand le désir est intense, brûlant. Et ce feu-là dure rarement longtemps : il y a alors le besoin d'arrêter, de prendre du repos, de retirer ses films de la circulation, pour un temps du moins. Dix ans après son décès, il est devenu temps de leur redonner vie. »
Théo Deliyannis (extrait du catalogue du Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris, 2021)
Pierre Bressan, Les Lamentations, 1977, film 16mm, couleur, sonore, 12 minutes
Pierre Bressan, Frauenzimmer, 1978, film 16mm, couleur, sonore, 17 minutes
Pierre Bressan (avec Alain Krepper), Usual Gesture Drama, 1979, film 16mm, couleur, sonore, 6 minutes
Pierre Bressan, Maria Guadalupe Villalobos, 1979, film 16mm, couleur, sonore, 6 minutes
Pierre Bressan, La Dame aux Camélias, 1980, film 16mm, couleur, sonore, 30 minutes
Pierre Bressan, Midas, 1976, film 16mm (numérisé), couleur, sonore, 5 minutes
Remerciements : Festival des cinémas différents et expérimentaux de Paris, Théo Deliyannis, Judith Naranjo Ribó, Alain Lithaud et Christine Bressan-Bleijenberg et Collectif jeune cinéma (Paris)
Quand
19h - 21h
Où
Partenaires
Pierre Bressan, Les Lamentations, 1977, film 16mm, couleur, sonore, 12 minutes, détail (photogramme)
© Pierre Bressan © Collectif Jeune Cinéma, Paris