Exposition / Musée
Leçons de chausses
Gérard Hauray
20 mars - 20 juin 2022
L'événement est terminé
« Leçons de chausses », Gérard Hauray, 2022 © Centre Pompidou
Vinciane Despret, invitée intellectuelle du Centre Pompidou en 2021-2022, convie l’artiste Gérard Hauray à mener une expérience artistique et scientifique mettant à l’honneur le vivant caché sous nos semelles. Depuis 2005, accompagné du botaniste Claude Figureau, Gérard Hauray mène un étonnant travail de dévoilement des paysages qu’inconsciemment nous portons et que nous essaimons sur notre passage.
« Leçons de chausses », Gérard Hauray, 2022 © Centre Pompidou
Lors de ses déplacements, proches ou lointains, tout un chacun « colporte des éléments quasiment invisibles et vivants », transporte des mondes, et par là même participe à la transhumance des espèces sur notre planète.
Pour le projet « Leçons de chausses », Gérard Hauray et son équipe, ont collecté entre avril et septembre 2021, les poussières accrochées aux chaussures des 96 adhérents, visiteurs du Centre Pompidou, et voyageurs de la Gare de l’Est qui se sont portés volontaires.
Ces collectes, mises en culture et présentées au Parc Floral de Paris depuis novembre 2021 sont visibles au cœur du Forum du Centre Pompidou du 20 mars au 20 juin 2022. Quelques temps après la mise en culture, des micro-paysages aux tons ocres et à l’infinie gamme de verts apparaissent, rendant lisible une nature invisible. Chacun des 96 micro-paysages de cette installation vivante continue de s’épanouir dans des caisses en bois, inspirées des caisses de Ward, anciennes serres portables destinées au transport des espèces végétales lors des voyages maritimes.
Vinciane Despret et Gérard Hauray, à propos de« Leçons de chausses »
« Les recherches menées par l’artiste Gérard Hauray sur les espèces végétales que nous transportons sous les semelles de nos chaussures m’apparaît très emblématique du programme Avec qui venez-vous ? que j’ai le plaisir de conduire tout au long de l’année au Centre Pompidou. Car c’est une invitation à l’enquête, pour nous remettre les pieds sur terre, parmi et avec les autres habitants de notre planète.
Nous cherchons étourdiment des indices de présence dans l’univers alors que notre monde est peuplé d’un nombre incroyable de vivants autres qu’humains. Autant de formes de vie passionnantes, tantôt exubérantes, tantôt discrètes, parfois fortement menacées par le dérèglement climatique. Comme le montre l’installation évolutive et printanière de Gérard Hauray, chacun de nos pas emporte avec lui des voyageurs opportunistes, des passagères clandestines, faune et flore, microbes et plantes dont nous essaimons les traces. Et si chaque trace est une forme d’écriture, nos chaussures participent alors à la poétique de la terre. »
Vinciane Despret
« Venant de tous horizons, de toutes contrées, des êtres de tous âges, de toutes cultures se rencontrent. Ils échangent des regards, des gestes, des paroles mais aussi des éléments invisibles et vivants. Car nous transportons des mondes avec nous, à notre insu nous participons à des transhumances, à des migrations d’espèces végétales sur notre planète.
Lors de nos voyages, nous essaimons avec nos semelles, recueillant ici et semant là, graines et microorganismes.
Pour cette installation, j’ai prélevé avec mon équipe, au Centre Pompidou et à la Gare de l’Est, les poussières présentes sous les chaussures des visiteurs et des voyageurs. Puis nous avons mis en culture ces graines de chausses. Élevés selon une procédure élaborée par Claude Figureau, ingénieur botaniste, des proto-paysages surprenants ont émergé. Ils sont constitués des premiers êtres vivants présents sur terre depuis 2,5 milliards d’années : bactéries, cyanobactéries, mousses, fougères, plantes à fleurs. Et tout cela croît en toute autonomie.
Ainsi, ma démarche artistique révèle l’interdépendance des mondes empruntés et empreintés pour former le voile de la terre. »
Gérard Hauray
L’installation sera à nouveau présentée du 25 juin jusqu’au 7 octobre 2022 au Parc Floral de Paris.
Quand
11h - 21h, tous les jours sauf mardis