Bruits de bouche / Edith Azam

Découdre la parole ou Bouche cousue : Édith Azam a hésité avant de choisir un titre pour son intervention. Durant cette séance, elle lit ses textes, édités ou non, achevés ou non.

« L'objectif n'est pas d'offrir un scénario bien ficelé, mais de montrer comment l'écriture par sa dé-forme crée des tensions propices à traduire le monde », dit-elle. Pendant sa lecture, projection du résultat d'un travail mené en collaboration avec différents complices (artistes, écrivains, psychanalystes, associations) sur « tous ceux que nous n'avons pas le droit d'appeler ''les sans-''».

"M'appelle Édith AZAM.

Édith AZAM que je m'appelle: Cela n'a aucune importance.

Je n'aime pas le recul du temps: Je ne recule pas devant l'écriture.

M'appelle Édith AZAM, pas autrement.

Édith AZAM, ne me distingue en rien du reste,

Mais c'est Édith que je m'appelle et puis derrière j'ajoute AZAM.

Je n'en suis pas fière, je n'en suis pas honte.

Que ça me plaise ou non, ça n'a pas d'importance.

Aucune espèce d'importance qu'au lieu de prononcer mon nom.

On prononce d'autres phonèmes.

Je n'ai pas l'illusion du nom.

Mes défauts ne me mentent pas.

Pareil, pareil mes qualités, elles ne me mentent pas non plus.

Je ne me trahis pas : dans le mensonge.

Édith AZAM est un outil.

L'outil ne recule pas.

L'outil fait ce qu'il doit faire.

L'outil écrit.

Et ce que j'écris me dépasse.

Édith AZAM ne me dépasse pas.

Ecrivant, j'écris plus que moi.

J'ai une vie somme toute banale.

J'ai dedans moi une foule de gens.

Je suis moins que mon écriture.

Moi je ne suis qu'Édith AZAM, cela n'a aucune importance."