Projection et rencontre
Stéphanie Roland
26 janv. 2023
L'événement est terminé
Par le prisme de la photographie, du film, de l’installation, de la performance, de l’édition ou encore du travail social, l’artiste belgo-micronésienne Stéphanie Roland sonde des formes d’impensés et des phénomènes invisibles ou opaques de la civilisation occidentale.
Elle est attentive aux conditions d’apparition, de disparition et de mystification d’objets et de données dont la réalité semble se soustraire à toute tentative de connaissance exhaustive (intelligence artificielle, deep web, trading à haute fréquence, blacklists de compagnies aériennes, îles fantômes, darknet, ghosts writers…). De l’histoire à la géopolitique, de l’astrologie aux neurosciences, sa pratique sillonne différents registres d’images et de récits. Ses films explorent des territoires imaginaires, physiques ou mentaux en marges — îles abandonnées, abysses, zones polaires — et adoptent d’autres points de vue susceptibles d’incarner les paradoxes visuels propres à ces entités invisibles qui influencent les systèmes politiques et économiques et le cours de l’Histoire.
« L’absence est terrifiante et parfois nous avons besoin de la combler en racontant des histoires. » Cette vérité constitue le prologue de Podesta Island, portrait filmique d’une île fantôme située au large des côtes chiliennes dont l’existence est controversée. La narration se complexifie avec la présence de trois naufragés d’un navire aux alentours du lieu hypothétique de l’île, rayée des cartes en 1935 avant de ressurgir avec l’avènement d’Internet. Deception Island déjoue le spectaculaire du récit patriotique de l’expédition polaire belge en Antarctique (1897 – 1899) en révélant la part de déception de l’aventure et la perte de sens qui s’emparèrent de l’équipage demeuré treize mois prisonnier des glaces. Son essai filmique le plus récent, The Empty Sphere s’apparente à un voyage de science-fiction inversé vers le Point Némo, également nommé « pôle d’inaccessibilité ». Il met en scène la chute d’un objet spatial jusqu’à cette scène, cette zone isolée du Pacifique Sud où échouent les débris spatiaux.
Stéphanie Roland, Deception Island (2017, 13 min)
Stéphanie Roland, Podesta Island (2021, 23 min)
Stéphanie Roland, The Empty Sphere (2022, 19 min)
Projection suivie d’une conversation entre Stéphanie Roland et Marie Siguier, attachée de conservation, service création contemporaine et prospective, Musée national d’art moderne
Quand
19h - 21h
Où
Podesta Island, 2017
© Stéphanie Roland