Moments choisis des histoire(s) du cinéma
de Jean-Luc Godard
09 déc. 2004
L'événement est terminé
Soirée inaugurant la sortie en exclusivité du film inédit de Jean-Luc Godard Moments choisis des Histoire(s) du cinéma (2000/84'/coul) au Centre Pompidou du 10 décembre 2004 au 3 janvier 2005.
Après les Histoire(s) du cinéma, Jean-Luc Godard réalise en 35 mm (alors que
les Histoire(s) sont en vidéo) un film d’une durée standard, sorte de synthèse,
de mise en perspective, de conclusion des Histoire(s). Mais ce film n’ est pas
seulement un nouveau montage des images existantes dans les Histoire(s), c’est
un film « plein de vie » selon l’expression de Jean-Luc Godard.
Ce que dévoile Godard dans ces Moments choisis, c’est la valeur introspective
de sa réflexion, en acte, sur l’image. Ne pas faire de l’histoire du cinéma un
monument chronologique figé, mais un songe philosophique immémorial sur le
commerce collectif des regards et sur la gestion privée des traces et des
lacunes de cette histoire.
C’est une initiative inaccoutumée que prennent la société Gaumont et le Centre
Pompidou. La sortie en exclusivité d’un film inédit d’un grand cinéaste
contemporain au sein d’une institution culturelle et muséale confère à cette
exclusivité le caractère d’une « exposition ». Premier acte d’une série de
manifestations à venir autour de Jean-Luc Godard.
« Les Moments choisis se donnent comme une élégie peuplée de figures féminines,
comme autant d’incarnations de l’ange de l’histoire cher à Walter Benjamin. La
divinité s’est enfuie du monde, l’horreur et son spectacle s’y sont substitués,
mais à ce constat de déréliction et de déploration, Godard oppose en permanence
le bonheur de ces visages et l’échange de leurs regards. Le montage, par
clignotements, surimpressions ou fondus, fait s’embrasser Elizabeth Taylor et
une vierge de Giotto trouvant une place au soleil après les Camps, malgré tout.
C’est ce qui frappe ici, bien plus encore que dans les Histoire(s) du cinéma où
les bruits de fureur du siècle menacent toujours de recouvrir ces figures
angéliques : la constante invention plastique d’apparitions qui résistent au
désastre du siècle. Quelques figures, quelques icônes suffisent à réaffirmer, à
murmurer la promesse originelle faite à l’homme par l’art : un siècle de
cinéma, ce commerce parfois vain ou douteux du visible, est ainsi racheté par
ces figures et ces icônes se tenant à l’abri du temps. Mais il ne faut pas voir
dans cette ode à la "fatale beauté" un quelconque renoncement à l’entreprise
critique des Histoire(s) du cinéma. L’esthétique de la rédemption, intensifiée
dans ces Moments choisis, ne tourne pas le dos au désastre, mais tient pour
unique certitude que la puissance de l’image réside non dans l’illusion mais
dans la révélation. L’image véritable fait face à l’horreur et les anges de
l’histoire apparaissent comme les signes d’un devenir salutaire gisant dans les
ruines du passé. Ces Moments choisis ne constituent pas simplement une oraison
mais bien une promesse : au bout du voyage poétique et mélancolique, nous
attend encore le cinéma. » Emeric de Lastens
Quand
À partir de 20h30